Le Sénégal devra poursuivre ses efforts dans la lutte contre la corruption. Les résultats de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2023 le placent toujours dans la zone rouge.
Les résultats de l’indice de perception de la corruption 2023, publiés partout dans le monde, ce mardi 30 janvier 2024, par Transparency International, représenté au Sénégal par le Forum Civil, montrent que le Sénégal plonge encore dans la zone rouge avec une note de 43/100. Il a la même note dans l’IPC que celle qu’il avait obtenu en 2021 et publié en 2022. D’après un communiqué du Forum civil reçu à Emedia, « L’immobilisme institutionnel chronique en matière de lutte contre la corruption constaté dans notre déclaration sur les résultats de l’IPC 2022 publié 31 janvier 2023 est, cependant, atténué par l’adoption de plusieurs textes de prévention et de lutte contre la corruption. L’adoption, par l’Assemblée nationale, d’une loi modifiant le Code de procédure pénal pour la mise en place d’un Parquet national financier, l’adoption, en Conseil des ministres du 22 novembre 2023 du projet de loi modifiant la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national de lutte contre la Corruption (OFNAC) et du projet de loi n°2023-23 modifiant la loi n°2014 -17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine et l’adoption, en Conseil des ministres du 6 décembre 2023, du projet de loi relatif à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive ».
Après avoir dit sa préoccupation « les dossiers mis sous le coude par Monsieur le président de la République, Macky Sall et l’absence de redevabilité entretenue par les Corps de contrôle à l’instar de la Cour des Comptes, de l’Inspection Générale d’Etat (IGE), de l’Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC, de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP), etc. ». Il constate que « Malgré l’adoption des textes cités plus haut, le Sénégal reste à la traine en matière de prévention contre la corruption du fait de l’absence de loi sur l’accès à l’information, de l’absence de textes sur l’encadrement des financements de campagnes électorales et le financement des partis politiques. Il y a aussi lieu de souligner que l’adoption d´une stratégie nationale de lutte contre la corruption en 2020 n’a pas été, jusque-là, d’un grand apport dans la lutte contre la corruption en termes d´efficacité et de mise en œuvre ». Fort de tout cela, le Forum Civil, section Sénégalaise de Transparency International recommande au Président de la République en exercice « de consacrer un peu de son temps à la Cour des Comptes pour la réception des rapports sur la gestion des organismes publics et parapublics » et au nouveau président de la République de s’engager à prendre les mesures concrètes dans les cent (100) jours à partir de la prestation de serment « De faire appliquer le point 1.7 de l’annexe de la loi n°2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques qui dispose que : « dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des finances publiques, et en particulier la situation du budget et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le Gouvernement. Ce rapport, audité par la Cour des Comptes, est publié dans les trois mois suivants ».
Birahim Seck et ses camarades exhortent le président entrant à « finaliser les textes sur le Cadre général de l’éthique et de la déontologie dans la Fonction Publique, donner suite aux dossiers des Corps de contrôle transmis au Président de la République sortant , donner suite aux recommandations du Comité de Concertation et de Modernisation de la Justice après actualisation, veiller au respect des règles et procédures relatives à l’affectation des magistrats, entamer la réforme pressante du Conseil Supérieur de la Magistrature pour la sécurité de la carrière de magistrat et la garantie de l’affirmation de l’indépendance de la Justice, fixer des règles d’évaluation objective et de gestion des carrières des magistrats, assurer l’autonomie budgétaire de certaines juridictions avec obligation de reddition des comptes, etc. » Le nouveau chef de l’Etat devrait aussi, d’après le Forum civil, « Publier la liste des licences attribuées depuis 2018 (renouvelées ou régularisées) afin de connaitre les bénéficiaires effectifs et les catégories de pêcheries concernées, prendre des mesures urgentes contre la fraude exercée par des bateaux d’autres pavillons qui débarquent au Sénégal avec des cartons neutres pour « sénégaliser » le poisson, dématérialiser et revoir les modalités de paiement des certificats sanitaires et de capture qui épouse les contours d’une source de corruption organisée, retirer toute nouvelle licence qui aurait été attribuée sans tenir compte de l’avis technique formulé par le Centre de Recherche Océanographique Dakar-Thiaroye (CRODT) sur la situation de la ressource et renforcer l’autonomie du CRODT en moyens légaux, financiers, humains et matériels, finaliser et optimiser son ancrage institutionnel ».
Malick SY