« Les membres de la Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains sont convoqués en réunion le Lundi 29 Janvier 2024 à 9H 00 – Salle Marie Joséphine Diallo du nouveau bâtiment –
ORDRE DU JOUR
Examen d’un projet de résolution pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Dakar, le 26 Janvier 2024. Le Président, M. Moussa DIAKHATE » !
Ainsi, les arguties servies au Peuple sénégalais par un groupe de députés à l’Assemblée Nationale ont quand même accouché d’une réunion en bonne et due forme d’une Commission régulière de la deuxième institution constitutionnelle de notre système politique.
Eh bien messieurs ! Vous me donnez une preuve supplémentaire de ce que je défends depuis plusieurs années déjà : la suppression pure et simple, par référendum, des partis politiques de notre système démocratique. Parce qu’ils ne lui apportent rien ni en termes d’éclosion ou de renforcement de la conscience citoyenne des sénégalais ; ni en termes de débats d’orientations stratégiques du pays ; ni en termes d’équilibre entre nos institutions constitutionnelles ; ni en termes de consolidation de notre République ; ni en termes de construction nationale. Bien au contraire. Ce sont les partis politiques qui sont les plus grands facteurs et acteurs de la prédation et de la corruption dans notre pays !
Et voilà que vous qui votez la loi, et qui êtes dès lors sensés être ceux qui l’expliqueront le plus clairement, êtes ceux qui la banalisent.
Vous affirmez que le Premier Président Cheikh Ahmed Tidiane COULIBALY n’a pas la capacité d’émettre un jugement en toute indépendance ou d’exercer son rôle de membre du Conseil Constitutionnel parce que la position qu’occupe son frère au sein de l’Etat va l’influencer ! Quelle manœuvre politicienne ignoble !
Du haut de mes quarante-deux ans de barre, je témoigne que nos chemins se sont croisés pour la première fois en 1982. Il était alors Président du Tribunal de Première Instance de Thiès. Une banale affaire de coups et blessures volontaires et réciproques entre deux talibés appartenant à deux confréries différentes, avait été portée devant leurs Khalifes Généraux respectifs. Elle prît une autre tournure. Les confrères qui me sont proches avaient exigé que je renonce à la plaider ! La rumeur avait fait le tour de « la ville aux deux gares » que le médecin-chef régional, le Commissaire Central de la Police et le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance étaient membres de la même confrérie que le plaignant, partie civile. Je devais défendre le prévenu déjà arrêté sur ordre du Procureur qui l’avait placé sous mandat de dépôt ! Parce que le Médecin-chef avait signé un certificat médical mentionnant une incapacité temporaire totale de plus de vingt-et-un jours.
J’avais plaidé l’excuse de provocation et demandé la relaxe pure et simple de mon client qui était en fait l’oncle d’un ami proche. Le Procureur avait requis une peine d’emprisonnement ferme.
Pour éviter les pressions qui étaient déjà faites sur lui, il était resté dans la salle d’audience après le réquisitoire du Procureur et ma plaidoirie, assis sur son fauteuil de Président, pour rédiger le jugement qu’il devait rendre. On entendait voler les mouches dans la salle qui avait refusé du monde durant la trentaine de minutes qu’il s’était octroyés pour écrire. S’arrêtant souvent pour vérifier telle pièce, relire tel procès-verbal. Puis se remettait à écrire de plus belle. Et quand il avait dit : « bon » ! Tout le monde retînt son souffle :
« Attendu que, Attendu que, Attendu que…Retient l’excuse de provocation. Relaxe purement et simplement le prévenu ».
Plus de trente-cinq années après, j’étais retourné dans la même ville pour enterrer mon ami, le neveu. Après les témoignages, je me dirigeais vers ma voiture lorsqu’un homme d’un âge mûr s’interposa et me dît : « Maître BADJI, l’avocat qui avait défendu mon père » ! Je ne l’avais jamais rencontré auparavant : « Ah ! Vous êtes le fils de Monsieur KANE » ? « Oui, maître » ! « Maître, où est le Président qui avait jugé mon père » ? « Vous avez entendu parler du Procureur Général près la Cour Suprême » ? « Oui » ! « Il a maintenant les cheveux blancs, mais c’est lui ». « Maître, ce Président est courageux hein » !
Après Thiès, il avait été affecté à Dakar comme Vice-Président du Tribunal Régional Hors Classe. Il y présidera pendant de longues années le Tribunal des Criées pour juger les affaires de saisie immobilière aux enjeux financiers énormes puisqu’elles concernent les maisons saisies par les banques sur leurs débiteurs. Il y officiera avec autorité, dévouement, probité et intégrité.
Il sera enfin nommé à la Cour Suprême : Président de la Chambre Pénale, Procureur Général, Premier Président.
Messieurs les députés, vous qui en avez pris l’initiative, la « fitnah » (terme arabe signifiant « dissension ») que vous cherchez à installer au Sénégal a été condamnée par ALLAH Lui-Même. Elle « est plus grave que le meurtre » (Sourate 2, Al baqarah, La vache, verset 217.
Landing BADJI
« Serviteur du Tout Miséricordieux »
« Membre du Parti d’ALLAH »
Dakar, Janvier 2024.