La Journée internationale de la paix, célébrée chaque 21 septembre à travers le monde, a été marquée cette année à Ziguinchor par une mobilisation forte du Comité Régional de Solidarité des Femmes pour la Paix en Casamance, Ousoforal. Une occasion pour rappeler le rôle essentiel des femmes rurales dans le processus de paix en Casamance et dans l’ensemble du Sénégal.
Seynabou Mall Cissé, fondatrice d’Ousoforal, a saisi l’opportunité de cette journée pour saluer les avancées notables sur le terrain, notamment le dépôt des armes à Diakaye et le retour progressif des populations déplacées. Des actions qu’elle attribue en grande partie aux efforts silencieux mais déterminés des femmes, actives dans les foyers, les villages et les communautés depuis des années. « Elles se sont mises debout pour apporter leur contribution à la paix, de façon discrète, sans trop d’apparat, mais toujours de manière constructive », a-t-elle déclaré.
Pour Seynabou Mall Cissé, les accords signés à Diakaye, à Bissau, et plus récemment avec l’État du Sénégal sous l’égide du Premier ministre, représentent des avancées importantes. Toutefois, elle souligne que le processus reste à parfaire. Dans cette dynamique, la rencontre de Ziguinchor a permis de croiser les regards sur les initiatives de paix à travers l’Afrique de l’Ouest, du Mali à d’autres régions sénégalaises, en mettant en lumière le rôle des organisations féminines africaines dans la construction d’une paix durable.
Deux panels ont structuré la rencontre. Le premier, à portée régionale et internationale, s’est intéressé aux défis et opportunités en matière de paix dans l’espace ouest-africain. Le second, plus ciblé, a porté sur le cas spécifique de la Casamance, avec une analyse des actions entreprises par les femmes et les jeunes, ainsi que des défis qui restent à relever pour atteindre une paix définitive.
Seynabou Mall Cissé a aussi évoqué les démarches entreprises, dans la discrétion, pour la libération des militaires détenus, même si les informations restent floues. Ousoforal continue de dialoguer avec différentes factions, plaidant pour un apaisement durable.
La militante a également rappelé l’importance d’intégrer les femmes dans tous les processus officiels de paix, en s’appuyant sur les traditions africaines qui placent la femme comme garante de la cohésion sociale, mais aussi sur la résolution 1325 des Nations Unies qui exige leur inclusion dans les initiatives de paix depuis l’an 2000. « Tout ce qui se fait sans les femmes et contre les femmes est voué à l’échec », a-t-elle martelé.
Présent lors de cette célébration, Alseyni Bangoura, adjoint du gouverneur de Ziguinchor, a souligné l’importance symbolique de la tenue de cet événement dans une région longtemps marquée par le conflit. Il a salué les efforts de consolidation de la paix, notamment à travers le « plan Diomaye pour la Casamance », un programme gouvernemental ambitieux qui accompagne les personnes déplacées par le conflit à travers des actions d’urgence et de reconstruction.
L’État, selon lui, agit de concert avec la société civile, citant le projet Kassoumay porté par Ousoforal comme une contribution significative à l’amélioration des conditions de vie des populations retournées, principalement dans les départements de Bignona et Ziguinchor.
Réagissant à la demande des femmes d’être incluses dans les processus de négociation, Alseyni Bangoura a insisté sur l’importance d’une approche inclusive. « La paix ne peut pas être seulement l’affaire de l’État ou des groupes armés. Elle est le fruit d’actions coordonnées entre tous les acteurs de la société. »
À Ziguinchor, la Journée internationale de la paix a donc résonné comme un appel fort à la reconnaissance des femmes comme actrices incontournables de la paix en Casamance et au-delà.
Emedia