Devant le Jdd, ce dimanche 3 septembre, le directeur général du Bureau de prospective économique logé dans les services du Premier ministre du Sénégal, Moubarack Lô a dressé un bilan mitigé de l’exercice du Président Macky Sall.
Il explique : “Je suis un technicien. Je dirai qu’il a fait un bilan correct. Parce que pour faire un bilan, il faut comparer ce qui a été proposé au départ, et ce qui est à l’arrivée. Il faut aussi voir l’évolution. Parce que parfois, on peut faire des choses qui n’étaient pas prévues au départ. Ceux qui font de la planification le savent. Par exemple, le Ter n’était pas dans ses plans. C’est en chemin, tout comme le Brt. C’est des projets qui coûtent chers, mais qui ont créé de l’impact.”
Par contre, relève-t-il : “Dans d’autres domaines le bilan est moins élogieux. Aujourd’hui plus que jamais la problématique de l’emploi se pose. Si cela ne se posait pas, vous ne verriez pas tous ces jeunes qui cherchent à aller en Europe. Ce qui fait très mal surtout quand on voit tous les risques qu’ils prennent pour aller à l’étranger. Cela veut dire qu’il y a encore plus de travail à faire sinon le Sénégal serait classé parmi les pays développés. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.”
Le maire de Niomré, dans le département de Louga, d’ajouter : “On est, disons, un pays à revenu intermédiaire avec beaucoup de défis encore au niveau économique. On n’a pas atteint tous nos potentiels. Si on nous compare aux meilleurs, on peut dire qu’on peut mieux faire dans le domaine de l’accélération de la croissance durable.”
“Parce qu’aujourd’hui, justifie le leader du mouvement pour un Sénégal émergent, et ancien collaborateur et conseiller du Président Macky Sall, pour devenir ce qu’on appelle un pays émergent, sortir la tête hors de l’eau, cela suppose une croissance de 8 à 10%. Pas seulement avec des découvertes pétrolières et gazières. Quand vous découvrez des ressources naturelles, vous allez avoir un rush, un boom économique. Mais le plus important, ce n’est pas d’accélérer la croissance, c’est de soutenir, sur la durée, cette accélération avec des taux stables mais élevés. Si vous regardez les pays asiatiques comme la Malaisie, en 1970-1997, 7% en moyenne de taux de croissance par an. Nous sommes dans une moyenne de 5,5.
On a encore un gap de 1,5 sachant aussi qu’on a une croissance démographique élevée, je dirai que le bon taux, c’est 8 à 10%. Il faut viser 9%. Forcément, on aura un taux à deux chiffres l’année prochaine, ce n’est pas une performance. Parce que vous avez des découvertes pétrolières et gazières, forcément, vous aurez une croissance élevée. Le défi, c’est comment d’ici 2035 maintenir ce niveau élevé de croissance entre 8 et 10%. Ce n’est pas le pétrole qui nous permettra de le faire. La croissance se mesure relativement à l’année précédente. Cela veut dire que si vous avez une production pétrolière stable, vous aurez une croissance zéro. C’est-à-dire vous pouvez avoir un million de barils chaque année, vous n’avez pas cru parce que vous avez fait une croissance zéro. Ce qui le permet, c’est la diversification.”
Comme solution, l’économiste préconise “d’utiliser la manne pétrolière pour transformer structurellement l’économie, investir dans l’agriculture. Je suis maire rural, je dois dire encore aujourd’hui que tout est à faire au niveau rural. On est encore très loin au niveau industriel aussi.”
Selon lui, il s’agit de voir “comment diversifier avec des industries qui créent beaucoup de valeur ajoutée et beaucoup d’emplois dans le pays”.