La réhabilitation de la route nationale RN4, reliant Sénoba à Ziguinchor, a permis la création d’environ 8 877 emplois, selon les résultats d’une évaluation présentés mardi à Ziguinchor. Ce chiffre a été communiqué par l’adjoint du gouverneur chargé du développement régional, Alsény Bangoura, lors d’une réunion consacrée au suivi du projet.
Le chantier, piloté par l’Agence des travaux et de gestion des routes (AGEROUTE), en partenariat avec le bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT) basé à Dakar, s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme visant à désenclaver le sud du Sénégal, à stimuler le commerce sous-régional et à réduire les pertes agricoles. Estimé à 115 milliards de francs CFA, le projet devrait être livré d’ici fin 2026.
D’après les données partagées, les 8 877 emplois générés se répartissent en 1 660 emplois directs et 7 217 emplois indirects ou induits. Ces derniers proviennent notamment de l’impact économique généré localement par les travaux et les dépenses des travailleurs.
Frédéric Bando, chargé des travaux publics à l’OIT, a salué cette dynamique, soulignant que « le secteur des infrastructures génère de nombreux emplois, aussi bien lors de la préparation que de l’exécution des projets ». Il a également insisté sur les effets multiplicateurs de ce type de chantier : « Au-delà des emplois directs, les travaux créent une demande accrue dans d’autres secteurs, grâce à la consommation des ouvriers et aux activités connexes générées dans les zones concernées ».
Malgré cette performance en matière de création d’emplois, plusieurs défis subsistent. L’étude d’impact, financée dans le cadre du programme STRENGTHEN2 (Union européenne – OIT), révèle que 30,8 % des travailleurs n’ont pas de contrat formel et que la protection sociale reste très limitée. La durée hebdomadaire de travail atteint en moyenne 65 heures, avec des salaires variant entre 100 000 et 200 000 FCFA par mois.
La participation des femmes reste marginale, ne représentant que 8,8 % de la main-d’œuvre, majoritairement cantonnée à des postes peu qualifiés. Les jeunes (15-24 ans) constituent 20,7 % des effectifs, un taux inférieur à la moyenne nationale de 25,8 %. Seuls 10,9 % d’entre eux ont bénéficié d’une formation formelle.
Autre point d’alerte : le dialogue social reste embryonnaire. À peine 8,7 % des travailleurs connaissent l’existence d’une structure défendant leurs droits sur les chantiers.
Face à ces constats, plusieurs recommandations ont été émises. Elles appellent notamment à un renforcement du cadre légal du travail, à l’intégration systématique de volets de formation dans les projets d’infrastructure, à la mise en place de mécanismes de protection sociale pour tous les travailleurs, et à l’institutionnalisation des évaluations d’impact sur l’emploi dans les marchés publics.
Le projet de reconstruction de la RN4 illustre le potentiel des investissements publics à stimuler l’emploi local et à contribuer au développement socioéconomique. Toutefois, la nécessité de conjuguer quantité et qualité des emplois reste un enjeu majeur pour garantir un développement inclusif et durable. Comme l’a rappelé Frédéric Bando, « les infrastructures doivent être pensées non seulement comme des outils de croissance, mais aussi comme des leviers pour un emploi décent et durable. »
Emedia