La rareté de la paix est arrivée. La sécurité est un produit de luxe. La guerre Russie-Ukraine s’est enlisée. Un volcan éteint s’est réveillé. Hamas et Israël sont sur toutes les lèvres. David contre Goliath, conflit asymétrique et cynisme systématique. Le 7 octobre dernier, avec une technicité inouïe, la branche militaire du Hamas, Ezzedine el Kassam, pulvérise le dôme de fer, le système de défense de l’Etat hébreu. Les officiers israéliens n’en reviennent toujours pas. 1400 tués et des centaines d’otages lors du déluge d’Al Aqsa. Les pauvres victimes s’étaient rendues à une fête pour chanter la paix. Qu’elles reposent en paix. Son plan, le Hamas l’a muri pendant une année. C’est réussi mais à quel prix ? Après 5 semaines de bombardements israéliens aveugles, la moitié de la population de Gaza a été déplacée sans compter les milliers de morts et le champ de ruines. En plus de vouloir se venger, Israël chercherait à expulser les Palestiniens et à occuper l’enclave de 360 km2 comme l’a si bien remarqué le Brésilien Lula. Israël peut tout se permettre. Le reste du monde lui facilite énormément la tâche. En commençant par les Palestiniens eux-mêmes qui vivent de leur propre fait une partition de fait. Depuis 2006 au moins, après avoir remporté des Législatives, le mouvement de la résistance islamique gouverne depuis ses bureaux souterrains dans des tunnels et galeries creusés sur 400 km. Inspiré par les frères musulmans d’Egypte, avec des sorts de généraux de corps d’armée qui se nomment Yayha Sinwar ou Mohamed Deif et leurs 40.000 hommes, le Hamas est très adulé dans l’antique cité de Gaza pour son courage et ses œuvres de bienfaisance. Malgré quelques cruautés, cette organisation est bien moins corrompue que le Fatah installé en Cisjordanie. Un de ses symboles, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abass, 88 ans, est traité chez lui et ailleurs comme un vieux meuble qui ne sert à rien. En lieu et place d’une union sacrée, ce sont des zizanies fratricides qui sont en cours dans les territoires occupés.
Les accords d’Abraham, une realpolitik cynique
Les divisions et l’inconséquence sont aussi les traits de caractère de la Ligue arabe et de l’Oci. Réunis le 11 novembre à Riyad, les Etats-membres se sont contentés de communiqués laconiques, sans queue ni tête. En réalité, de nombreux pays arabes particulièrement ont trahi depuis belle lurette la cause palestinienne. Passés en 2020 sous l’égide de Trump et de son gendre Jared Kushner, les accords dits d’Abraham ne sont rien moins qu’une montagne de realpolitik cynique. Les processus de normalisation sont davantage un parapluie et une protection contre la menace de l’Iran chiite qui aurait mis au point des capacités nucléaires destructrices certes pas encore du niveau de celles de l’Etat hébreu qui figure parmi les 9 puissances nucléaires officiellement reconnues. Avec ses 200 ogives, les Juifs sont à même d’anéantir tout le Moyen-Orient et au-delà. Mieux vaut donc les avoir avec soi, ont sans doute conclu les pays arabes qui ont franchi le Rubicon de la mesquinerie.
Un bon Palestinien est un Palestinien mort !
Enfin, la Palestine n’est pas l’Ukraine. Comme beaucoup d’Occidentaux, les Israéliens fanatisés du Likoud font semblant d’oublier ce qu’ils ont vécu avec Hitler qui a exterminé 6 millions de Juifs. Il est inconcevable que ces derniers considèrent à présent qu’un bon Palestinien est un Palestinien mort. Fermant les yeux d’un côté, le même Occident complice ne voit que la sécurité d’Israël élevée au rang de raison d’Etat. C’est pourquoi l’Amérique, pour ne pas la citer, a déversé depuis la fin de la deuxième guerre quelque 260 milliards de dollars d’aides en tous genres sur Israël. Gendarmes immoraux, les Etats-Unis ont fait capoter pas moins de 140 résolutions onusiennes. L’Onu et toutes les institutions multilatérales ne fonctionnent plus. Le monde est en rupture d’équilibre et en panne de grands dirigeants et de voix fortes. Il ne faut pas s’étonner que les épées de fer découpent la paix si rare en mille morceaux.
Assane GUEYE