Le Collectif des universitaires pour la démocratie (CUD) est contre l’amnistie. Il l’assimile à un second assassinat des victimes des manifestations des événements de 2021, 2023 et 2024. Il invite les députés à ne pas la voter.
Dans une déclaration parvenue à Emedia, ces universitaires écrivent « Une telle amnistie rendrait tout accès impossible à notre Mémoire qui est un patrimoine immatériel essentiel pour faire advenir une communauté nationale. L’usage politicien de l’amnistie constitue une défiance au Temps en ce qu’il brûle les archives d’un Peuple et, par voie de conséquence, brouille toute perspective de réalisation d’un avenir collectif empreint de sérénité et d’apaisement. La loi d’amnistie relative aux infractions commises depuis 2021 est une prohibition à investir le passé et, ce faisant, obstrue l’accès à la vérité en remettant en cause ses fonctions instituantes. Ce détournement de l’institution de l’oubli pour assurer l’impunité de hauts responsables étatiques est une menace au narratif républicain fondé sur une idée de vertu et de justice. Analysé à partir d’un prisme propre à la philosophie juridique, le projet de loi d’amnistie fragilise la vision consistant à admettre la nation comme une communauté liée par un ordre légal. Si tous les vices et tortuosités pouvaient être effacés par des lois, ces dernières perdraient leur sacralité ainsi que leur rationalité. Ayant pour objet la matière pénale, l’amnistie préoccupe la morale publique et particulièrement les valeurs essentielles de notre société démocratique. Une loi d’amnistie aux relents foncièrement politiciens rend perméable la morale publique et, par voie de conséquence, rend fongible le vice et la vertu. C’est parce que l’amnistie du président Macky Sall est une invite à l’amnésie, que sa vraie nature n’est autre qu’un permis de tuer. Un tel dessein ne devrait prospérer. En somme, si ce projet de loi devait advenir les députés sont invités à se remémorer le célèbre poème de Birago DIOP « les morts ne sont pas morts ».
Malick Sy