L’opposant et membre de la Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi (Yaw), Moustapha Guirassy, ne désespère pas que “le Président Macky Sall se ressaisisse”. Il l’a fait savoir devant le Jdd, ce dimanche 30 juillet.
Il dit : “Je reste optimiste. Il (Macky Sall) lui reste sept mois. Il a la chance de se débarrasser de toute sorte de pression, d’abord des pressions à son niveau personnel, de pressions de son parti, de sa coalition, et des intérêts privés particuliers pour juste mettre en avant le pays. C’est le moment de repenser le pays et de donner force justement à cette démocratie, à cette nation et à ses Institutions. Et, de tout faire pour que les intelligences variées et diversifiées de ce pays-là, de se retrouver.”
Le président fondateur de l’Institut africain de management (Iam) estime “qu’il n’y a qu’un président qui n’est pas candidat à une élection présidentielle qui peut bâtir et construire.”
Est-ce possible en si peu de temps ? Il soutient que cela est “bien possible”. Mais, il faudrait, avance-t-il, que le chef de l’État sénégalais, qui dit-il, “est en train de faire une démonstration de force, de sa capacité à mettre en prison, de sa capacité de prouver qu’il est encore au pouvoir”, puisse “continuer à prouver qu’il est encore au pouvoir mais dans le bon sens, pour un impact positif durable, et dans une logique de transformation profonde de sa société et du pays.”
Parce que, défend l’opposant, “depuis que Macky Sall est au pouvoir, il y a eu certes beaucoup d’infrastructures réalisées mais à côté, il y a eu très peu dans le sens de la transformation positive de notre société. Il y a beaucoup de morts, beaucoup de troubles, d’angoisse, de questionnement autour de la démocratie, beaucoup de difficultés aux plans politique et social. En réalité, le message fort que les Sénégalais ont donné à Macky Sall et à la majorité présidentielle, c’est qu’il ne s’agit pas simplement de réaliser des infrastructures, d’avoir le Ter, des stades, pour dire que nous sommes dans une logique de développement.” Mais, souligne-t-il : “Plus nous avons tout ça, plus nous avons connu des troubles. Jamais le pays n’a connu autant de difficultés, autant de troubles (alors que) le pays n’a jamais réalisé autant d’infrastructures. C’est pour dire simplement que les questions de croissance et de développement doivent être dissociées et comprises”, ainsi que celles liées “à l’être humain, à sa prospérité, à son bonheur, je crois que l’être humain ce qui l’intéresse, c’est la paix, c’est son bonheur. On se rend compte que les fondamentaux de notre démocratie, ce qui peut expliquer notre bonheur, notre appartenance à ce pays-là, on commence à douter de tout ça”.
“Nous parlons d’élection inclusive”, ajoute-il, en insistant sur le sort du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Moustapha Guirassy de poursuivre : “Aujourd’hui, il faut mettre en avant le pays et voir très très loin. La recommandation forte que je peux faire au chef, c’est de voir et de mettre en avant la nation sénégalaise. J’ai vécu les derniers moments du Président Abdoulaye Wade. Comment un Président et un chef peuvent être isolés. Je disais même que si je devais écrire un livre, le premier s’intitulerait la solitude d’un dirigeant. Macky Sall est à la tête d’un État. Il est entouré par un gouvernement, de militants, … Chaque fois qu’il sort, il y a des milliers de Sénégalais autour de lui mais, je vous assure posez-lui la question, il est très seul. Parce que quand on est à cette station on ne fait plus confiance, et chacun est là pour défendre ses intérêts. C’est un combat de particulier et d’intérêts privés. Donc, il n’y a que lui seul qui sait ce qu’il vit. Il n’y a que lui qui est confronté aux exigences de sa conscience. Il a une opportunité extraordinaire. Le fait d’avoir dit je ne suis pas candidat. C’est pour cela que je continue d’espérer.”
Comment Macky Sall doit gérer les sept mois qui lui restent ? “C’est un trésor. Je ne parle pas en tant qu’opposant, partisan, etc. Je parle sincèrement parce que je suis un républicain. Je dis que le Sénégal vient de ramasser de l’or, vient de trouver son gisement le plus extraordinaire pour bâtir cette nation. Enfin, le Sénégal, depuis les indépendances, vient d’avoir un Président qui n’est pas sous pression politicienne ni de son parti, ni de sa coalition. Donc, la réponse à votre question, c’est que le Président assume sa liberté, qu’il soit généreux. Qu’il ne regarde pas derrière, mais devant pour organiser des élections apaisées, qui parlent à tous les candidats. C’est lui le chef”.