Les producteurs locaux de maïs, rudement concurrencés par le maïs importé, espèrent y arriver dans les prochaines années, dans le cadre du projet Gunge Mbay (accompagner l’agriculture). Une signature des documents-cadres de commercialisation du maïs s’est en ce sens tenue mercredi à Diamniadio entre les parties concernées. Les documents-cadres régissant l’accord ont été validés à la mi-janvier 2025 en présence des autorités institutionnelles et des partenaires au développement.
«Dans le cadre du projet Gunge Mbay et de l’exécution des projets collaboratifs, l’Arm dirige la mise en place d’un cadre de concertation commercial de maïs au Sénégal. Pour y arriver, des documents cités ont été élaborés et validés par les acteurs de la filière au cours d’un atelier (…) Une fois signés officiellement, ces documents serviront de base dans toutes les collaborations commerciales entre les acteurs de la filière maïs au Sénégal pour les prochaines années», a relevé le document de présentation. «C’est un grand jour pour la filière maïs. Avec un suivi correct et la mise à disposition des moyens aux producteurs locaux, les importations seront fortement réduites dans les années à venir», a noté, à l’issue de la cérémonie, Gnima Diaité, présidente de l’interprofession maïs du Sénégal.
«C’est un accord qui met en relation les producteurs sénégalais et les industriels. Cela s’inscrit dans le cadre de la Vision 2050 de la politique de souveraineté du Sénégal (…) Nous sommes dans un marché ouvert où il y a beaucoup d’importations. Cette année-ci, on est à peu près à 500 000 tonnes importées pour une valeur estimée à 80 milliards francs», a indiqué Babacar Sembène, Directeur général de l’Agence de régulation des marchés (Arm). «On est à 10 mille tonnes de contrat. D’année en année, on va travailler à résorber ce gap», a-t-il dit, évoquant le protocole ainsi signé. M. Sembène a d’ailleurs annoncé une enveloppe de 200 millions séance tenante au Fepromas, destinée à la collecte chez les petits producteurs. «Les deux ministères travaillent à substituer les importations au profit de la production locale. C’est là que réside le défi à relever», a-t-il poursuivi. Les ministères en question sont ceux en charge du Commerce et de l’Agriculture qui ont été représentés à la cérémonie.
«Régularisation et stabilisation du prix sont un défi», a relevé la représentante du ministère du Commerce, la conseillère technique, Fatou Sagna Sow, assurant que son département se chargera du suivi-évaluation pour «un maïs de qualité accessible à tous et à un prix abordable». L’ambition à travers ce projet, est, selon le représentant du ministère de l’Agriculture, Mokhtar Ndiaye, de «vendre avant de produire» cette céréale qu’il qualifie de «diamant vert».
Les producteurs devront pour autant respecter un cahier des charges par rapport aux normes de qualité d’hygiène qui sont très spécifiques, a avisé Abou El Mahassine Fassa Fihri, directeur pays d’Enabel (agence de développement de l’Etat belge), porteuse du projet dans le cadre de «Team Europe initiative agropole centre».
Contractualisation avec des rencontres B to B, mise en place de clusters, formation des experts dans l’intermédiation commerciale sont, entre autres, au programme pour faire aboutir le projet. «L’idée c’est de consommer du maïs bien de chez nous au Sénégal. C’est un slogan qui est important parce que la problématique c’est que le Sénégal importe énormément de maïs de l’étranger qui pèse beaucoup sur la balance commerciale du pays. (…) dès cette année, on verra rapidement que les industriels sénégalais auront l’opportunité et la volonté d’acheter localement», a ainsi décliné le directeur d’Enabel.