Le Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio a reçu Mamadou Ibra Kane. Il est le président du patronat de la presse sénégalaise, le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS). À la question de savoir est-ce que la presse sénégalaise joue son rôle de quatrième pouvoir ? Il rétorque : « je vous disais que nous avons favorisé des alternances politiques. Parce que la presse était républicaine, la presse était libre et indépendante, la presse était viable économiquement. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, la presse est envahie par des groupes particuliers, par des lobbies. Des lobbies dans le domaine politique qu’on connaît le plus, mais également le lobby économique, le lobby religieux. Ces lobbies-là, aujourd’hui, malgré la crise qui sévit dans le secteur de la presse, c’est eux qui financent les groupes de presse et les médias, et parfois même des journalistes. Ces lobbies ne défendent pas l’intérêt général, parce que le rôle de la presse, c’est de défendre l’intérêt général, c’est de défendre les citoyens, de rendre l’information accessible à tous les Sénégalais, et de la manière la plus équilibrée qui soit, de la manière la plus indépendante ».
Qu’est ce qui a rendu cette presse accessible à ces lobbies que vous venez de citer ? Pour répondre à cette interrogation, il a soutenu que : « c’est la crise économique. Nous sommes tous des journalistes, nous avons besoin de vivre de notre métier et aujourd’hui beaucoup d’entreprises de presse n’ont plus les moyens, beaucoup d’entreprises de presse, entre guillemets, indépendantes, n’ont plus les moyens de recruter et de payer des journalistes de qualité. Aujourd’hui, les groupes de presse qui survivent, ce sont des groupes de presse dont l’objectif n’est pas la rentabilité économique, dont l’objectif c’est la défense d’intérêts particuliers, des intérêts de partis, des intérêts d’hommes politiques, des intérêts de confrérie, des intérêts d’hommes d’affaires. Aujourd’hui, c’est ça la majorité de la presse sénégalaise parce que la presse sénégalaise a, au fil des années, connu une crise économique. Et ça, c’est un drame et c’est une menace pour la démocratie. La liberté d’expression, la liberté de presse, elle n’est pas bafouée seulement par un régime, mais aussi les forces occultes qui rentrent dans le secteur de la presse pour contrôler la conscience des citoyens. Et c’est pourquoi je disais que la presse est un enjeu de pouvoir où s’affrontent les différentes couches et classes sociales de la société sénégalaise ».
Cheikh Moussa SARR
Pape Doudou Diallo (Photo)