Beaucoup d’entreprises de presse risquent de mettre la clé sous le paillasson à cause du fisc. Invité de l’émission Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio, Mamadou Ibra KANE, président du patronat de la presse sénégalaise, le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) rappelle que : « nous avions négocié dans le cadre d’un plan stratégique de réforme de la presse, nous avions négocié avec le président sortant, le président Macky Sall, un effacement de la dette fiscale. Je parle bien d’effacement, parce que c’est une volonté politique qu’a exprimé le président Macky Sall après le plaidoyer que nous lui avons fait ». Cependant, poursuit-il, « je dois préciser que ce n’est pas le nouveau régime qui a créé la crise dans le secteur de la presse, non. Simplement, ils ont accéléré le dénouement, disons, malheureux pour les entreprises de presse. Parce qu’avec l’allègement fiscal, avec l’effacement fiscal, les entreprises de presse auraient mieux respirer. Car, ça allégerait leur trésorerie, ça leur permettrait de pouvoir rebondir. Au contraire, le nouveau régime a posé d’autres actes hostiles. D’abord, les poursuites contre les entreprises de presse. Comme je vous l’ai dit, les poursuites des impôts contre les entreprises de presse, ce sont des entreprises qui sont exsangues. Des entreprises qui, aujourd’hui, ne peuvent plus payer ».
Par ailleurs, pour sortir de cette crise, les patrons de presse proposent des réformes structurelles qui feront que la presse ne sera pas tout le temps dans des difficultés. « Je ne dirais pas que c’est de la fraude fiscale, c’est simplement l’incapacité des entreprises de presse à payer l’impôt et les autorités à travers les bilans des entreprises qui sont déposées annuellement connaissent exactement la situation économique et fiscale des entreprises de presse. Donc c’est pourquoi nous sommes allés voir, dans le cadre d’un plan en 15 points, d’abord le président de la République sortant, c’était le 18 mars. Et le premier point du plan d’action que nous avons élaboré, c’était l’allègement fiscal (…) », renseigne Mamadou Ibra Kane. Sur une autre question de savoir est-ce qu’ils ont tenté de rencontrer l’autorité pour lui parler de cette situation ? Il a répondu par l’affirmative. « Oui. Et pourquoi nous disons que les nouvelles autorités ont posé des actes hostiles ? Nous leur avons écrit plusieurs fois mais nous n’avons reçu aucune réponse. Pourtant lors d’une audience qu’il a accordée à la Convention des jeunes reporters, il a dit, donnez-moi des solutions pour la presse. Et il a dit également que si les patrons de presse veulent des solutions, ils n’ont qu’à venir le voir et lui dire nous avons ça comme solution. Oui, on l’a fait automatiquement mais en vain. Pour nous, les nouvelles autorités ne veulent pas négocier, ne veulent pas discuter avec le secteur de la presse », explique-t-il. Avant de conclure : « les nouvelles autorités, vous ne les entendrez nullement discuter d’un secteur aussi stratégique que la presse. Ils se refusent au débat intellectuel. Nous, nous estimons qu’il faut un dialogue. Il faut une négociation avec les nouvelles autorités. On ne peut pas faire table rase de la presse et qu’on continue de poser des actes hostiles vis-à-vis de la presse. Mais nous, nous estimons que la solution pour résoudre le problème de la presse ne peut venir que d’une volonté politique ».
Cheikh Moussa SARR
Pape Doudou Diallo (Photo)
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