Suite à un redressement fiscal touchant plusieurs entreprises, le gouvernement a décidé de suspendre tous les recrutements, signatures de convention et publicités jusqu’à nouvel ordre. Invité de l’émission Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio, Mamadou Ibra KANE, président du patronat de la presse sénégalaise, le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) a déclaré que ce n’est pas seulement les conventions, il y a aussi les contrats. « Il y a beaucoup de médias qui n’ont pas signé de convention. Mais qui, par contre, ont des contrats signés avec l’État. Nous sommes dans un État qui se veut un État de droit. Il y a des procédures pour contester la non-validité de certains engagements au nom de l’État. Mais, par exemple, les contrats commerciaux, les contrats publicitaires, l’État, en tant que parti au contrat, ne peut pas, de manière unilatérale, résilier ces contrats publicitaires. Il y a des procédures, y compris au niveau du tribunal du commerce, en fonction des obligations du code des obligations civiles et commerciales, etc. Il y a des voies de solution, mais pas de manière unilatérale, qu’on décide de rompre certains engagements », recarde Mamadou Ibra Kane.
Selon lui, il faut une loi sur la publicité au Sénégal. « Il n’existe pas de loi sur la publicité. La loi qui existe elle date de 1983 et non seulement elle est obsolète mais même cette loi n’a jamais connu une application. Donc pour qu’une loi puisse être appliquée il faut un décret d’application. On n’a jamais connu de décret d’application donc en réalité, il y a un vide juridique total et ce vide juridique là profite à ceux qui sont à proximité du pouvoir pour gagner le marché publicitaire de l’État. Et dans le même temps, le nouveau régime crée des agences de publicité qui captent ce marché publicitaire de l’État. Dans le cadre d’une loi sur la publicité, cela n’existerait pas. Et le Sénégal est un pays sous domination étrangère dans tous les domaines, y compris dans le domaine de la publicité. Ces agences de multinationales servent les intérêts des multinationales qui sont présentes au Sénégal. Et il y a même aujourd’hui, pire, je ne sais pas si vous vous intéressez au sport. La seule télévision non africaine qui donne une vision des Jeux Olympiques avec les athlètes africains, c’est TV5. Les médias africains, les médias sénégalais sont dans des crises où ils ne peuvent même pas concevoir une stratégie commerciale, ils n’ont même pas les moyens en ressources humaines et en matériel pour couvrir les Jeux Olympiques. Ils ont dit ah tiens là-bas c’est le désert chez eux on va faire des programmes uniquement pour eux et ces programmes sont financés par des multinationales », regrette Mamadou Ibra Kane.
Cheikh Moussa SARR
Pape Doudou Diallo (Photo)