Le changement de monnaie pour le Sénégal a été un des sujets de débat devant le Jury du Dimanche. Sur les ondes de la fréquence 90.3, Iradio, Mouhamadou Madana Kane, Banquier et leader du Mouvement DUNDU qui en était l’invité a été interrogé sur la question. « Alors, c’est une question extrêmement sensible », a-t-il d’emblée confié. Avant d’expliquer : « d’ailleurs, je tiens à préciser qu’il y a beaucoup d’engouement autour de cette question. Mais lorsqu’on va regarder le projet proposé par le nouveau régime, parce que je l’ai consulté très récemment, je suis allé voir en réalité toutes ces réformes-là, qu’est-ce qui est prévu. Mais je me rends compte qu’en réalité, il n’y a pas une décision brute et abrupte de changer de monnaie. J’ai été soulagé quand j’ai vu ça.
Parce que j’ai vu qu’il y a au moins 7 ou 8 prérequis qui ont été mis en place dans le projet avant qu’on arrive au changement de monnaie. L’objectif a été décliné. On veut une monnaie locale. On ne le fera pas tant qu’on n’aura pas assaini le cadre macroéconomique, tant qu’on n’aura pas revu nos positions d’échange, tant qu’on n’aura pas fait ABCDE. Et ça, c’est un programme au moins de 5 ans, à mon avis. Donc, je pense que le changement de monnaie, tel que je l’ai lu et compris, n’est pas à l’ordre du jour, immédiat. C’est logique que cela ne soit pas un objectif immédiat. Mais dans l’entendement populaire, c’est quelque chose qui allait être fait immédiatement ».
Mais d’autre part, dit-il, on peut analyser la question de la monnaie sous deux angles. « Le premier angle, c’est l’angle de la souveraineté. Bien entendu, un pays souverain, c’est un pays qui a sa propre monnaie. Ça, on peut tous le concevoir, on peut l’accepter. C’est un attribut de souveraineté. Donc, quand j’ai ma propre monnaie, je sais que je suis souverain. Je pense que ça, c’est un des éléments qui a pesé sur la balance. Ça, on peut l’accepter. Mais du point de vue économique, ce qu’il faut retenir, il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. Quand on observe les pays de la sous-région ou africains qui ont leur propre monnaie, on sait que c’est les pays où les taux d’inflation ont explosé.
On sait aussi que dans ces pays-là, il y a les investisseurs étrangers qui sont venus, ont eu énormément de difficultés et de problèmes. Simplement parce que la fluctuation de la monnaie qui a considérablement réduit leur marge de monnaie d’investissement et leurs bénéfices. Donc, il y aura des impacts.
Donc, oui, pour un changement de monnaie, dans le moyen-long terme, à partir de la résolution de ces différents prérequis, non à un changement de monnaie immédiat qui ne prendrait en compte que les aspects de souveraineté et non pas les réalités économiques », affirme l’invité du JDD.
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)