Au Sénégal, le tourisme contribue à hauteur de 7,6% au PIB, génère des recettes de 500 millions de francs, 200 mille emplois directs et 150 mille emplois indirects. Mais l’expert en tourisme, Mouhamed Faouzou Dème pense qu’il faut une véritable restructuration du secteur en mettant «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut».
C’est un bilan catastrophique que l’expert en tourisme, Mouhamed Faouzou Dème tire de la gouvernance du secteur touristique sous le régime du Président Macky Sall. «De manière générale, ce n’est pas un bilan positif dans la mesure où, en douze ans, il y a eu huit ministres, soit un ratio de moins d’un an et demi par ministre. La conséquence est que les ministres passent et les programmes ne sont pas déroulés. Chaque fois qu’il y a remaniement, on change d’intitulé. Tantôt c’est le ministère du Tourisme et de la culture, tantôt c’est Tourisme et des Transports aériens… Il y a eu une instabilité institutionnelle telle que le bilan politique est catastrophique. Les ministres se passent le témoin sans faire quelque chose», déplore M. Dème. Le président du Comité de défense du secteur du tourisme propose au nouveau gouvernement une restructuration de la gouvernance du secteur. «Si le nouveau gouvernement veut faire évoluer le tourisme, il faudra une restructuration de son administration en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Les textes n’ont pas évolué. La règlementation bat de l’aile, ce qui fait qu’il y a beaucoup d’informel. Il nous faut des institutions fortes, un secteur privé restructuré car le tourisme marche sur deux pieds, l’administration et le secteur privé», déclare-t-il.
«Il n’y a pas de tourisme sexuel au Sénégal»
L’expert ajoute : «Nous avons proposé dans le mémorandum que nous avons envoyé au Président élu, Bassirou Diomaye Faye, un ministère fort du Tourisme, de la culture et de l’artisanat, ce qui permettra de mettre en place un dispositif de produits à la fois culturels, artisanaux et touristiques». Mouhamed Faouzou Dème estime qu’il y a nécessité de «réunir la grande famille du tourisme, un secteur dont la transversalité génère beaucoup de métiers qui ne sont pas malheureusement valorisés». Pour lui, il faut un plan d’actions unifié entre le secteur privé et le gouvernement. «Le Sénégal a beaucoup d’atouts culturels, historiques et de découvertes non exploitées, d’où l’importance d’une politique d’intégration des peuples», ajoute M. Dème. Par ailleurs, le Président du Comité de défense des intérêts du tourisme s’offusque que l’on parle de tourisme sexuel au Sénégal. «Il n’y a pas de tourisme sexuel au Sénégal. Les gens ne savent pas ce que c’est que le tourisme sexuel que l’Organisation mondiale du tourisme (Omt) définit comme un programme vendu. Un touriste qui va dans un bar et qui s’accouple avec une femme, c’est la prostitution. C’est le plus vieux métier du monde. Le tourisme sexuel n’est pas vendu au Sénégal. Ce que nous vendons, c’est la découverte, la culture, l’écotourisme…», soutient-il.
Aboubakry KANE