Une majorité de Sénégalais (67 %) se disent satisfaits de l’action du gouvernement, mais près de la moitié (47 %) estiment que la situation économique du pays demeure préoccupante. C’est ce qui ressort de la dernière enquête d’Afrobarometer, réalisée au Sénégal par le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), entre février et mars 2025.
Présentée hier lors d’un atelier à Dakar, l’étude dresse un portrait contrasté de l’opinion publique sénégalaise. Si la direction prise par le pays depuis l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye-Sonko inspire confiance, la perception de l’économie reste morose. En effet, seuls 38 % des citoyens interrogés jugent la situation économique actuelle « plutôt bonne », tandis que 52 % estiment que leurs conditions de vie sont acceptables.
La pauvreté reste une réalité pour une grande partie de la population : 62 % des personnes sondées déclarent en avoir fait l’expérience au cours de l’année écoulée, dont 28 % de manière aiguë. Le coût de la vie est cité comme la préoccupation principale par 59 % des répondants, devant la santé (52 %), le chômage (38 %) et l’insécurité (23 %). Étonnamment, la corruption, bien qu’au cœur des priorités gouvernementales, n’inquiète que 3 % des citoyens.
Pourtant, 53 % des Sénégalais reconnaissent une baisse de la corruption. Néanmoins, une majorité écrasante (69 %) redoute de la dénoncer, par crainte de représailles. Une situation qui freine les efforts de transparence, malgré les avancées saluées.
Concernant la performance du gouvernement, les avis sont partagés. Si 54 % estiment qu’il gère bien l’économie, ses réponses aux autres préoccupations économiques sont jugées négativement par la majorité. Mamadou Abdoulaye Diallo, chercheur au Cres et co-auteur de l’étude, nuance cependant ces chiffres : « La perception d’une performance positive est en hausse comparativement à 2012. »
Pour le Pr Abdoulaye Diagne, directeur exécutif du Cres, ce regain d’optimisme est typique des débuts d’alternance politique. « On constate, au début de chaque alternance, un très fort optimisme dans l’opinion, mais avec le temps, il diminue », observe-t-il, espérant que la dynamique actuelle se maintiendra.
La jeunesse, bien formée mais confrontée à un chômage tenace, attend des mesures concrètes. Le directeur de cabinet du ministre du Travail, Hamet Dia, a reconnu l’ampleur du défi : « Nous avons entendu l’appel de la population concernant la problématique de l’emploi. Les défis sont réels, mais notre détermination reste intacte. »
De son côté, Cheikh Tidiane Sow, conseiller technique du Premier ministre Ousmane Sonko, appelle à nuancer les résultats : « Il faut faire la différence entre la perception et la réalité. » Une remarque contestée par une participante à l’atelier : « La perception est plus importante que la réalité », a-t-elle insisté, en appelant le gouvernement à tirer pleinement parti de cette enquête pour mieux orienter ses politiques.
Avec Le Soleil.