Depuis plus d’un an, les patients fréquentant les structures de santé publique de Ziguinchor font face à une crise préoccupante : des ruptures récurrentes de médicaments essentiels mettent en péril la qualité de la prise en charge médicale, en particulier pour les plus démunis.
Dans les établissements de santé de la région, les pénuries sont devenues monnaie courante. Plusieurs voix du secteur pointent du doigt la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), accusée de graves dysfonctionnements dans la gestion des stocks et la distribution des produits médicaux.
Des professionnels de santé alarmés
Siméon Faye, secrétaire général de la section SYNTRAS du Centre hospitalier régional de Ziguinchor, tire la sonnette d’alarme :
« Très souvent, nous faisons face à des ruptures via la PNA. Quand les patients n’ont déjà pas les moyens d’acheter eux-mêmes leurs médicaments et que le service public est en rupture, cela devient dramatique. »
Un constat partagé par Ousmane Mbaye, président de l’Alliance des syndicats de la santé And Gueusseum à Ziguinchor. Il met en cause l’augmentation du nombre de structures sanitaires, qui accroît la demande sans que l’offre suive :
« Sur le terrain, les techniciens confirment ces pénuries. La pharmacie régionale d’approvisionnement est aujourd’hui débordée par la forte demande. »
Selon lui, la capacité de stockage limitée de la pharmacie régionale constitue un frein majeur.
« Une structure comme la PRA ne devrait pas se retrouver dans cette situation. Le manque d’espace de stockage est un facteur aggravant. »
Une logistique jugée insuffisante
Face à cette crise, la PNA a tenté de renforcer la distribution à travers des rotations terrestres plus fréquentes. Mais pour les syndicats, cette solution reste insuffisante. Siméon Faye déplore notamment l’absence d’infrastructure adéquate à Ziguinchor :
« Le bâtiment de stockage a été détruit depuis plus d’un an. Aujourd’hui, ils stockent pour les trois régions de la zone sud sans lieu adapté. On ne peut pas stocker des médicaments à l’air libre. »
La société civile monte au créneau
La société civile n’est pas en reste. Madia Diop Sané, coordinateur de l’organisation Vision Citoyenne, appelle les nouvelles autorités à réagir sans délai :
« Nous ne pouvons pas accepter une rupture permanente de médicaments, notamment ceux issus de l’Initiative de Bamako. Il est urgent de garantir la disponibilité continue de ces produits dans toutes les structures bénéficiaires. »
Un appel à la réforme
À Ziguinchor, la situation sanitaire est critique. Professionnels de la santé et représentants de la société civile réclament une réforme structurelle en profondeur du système de distribution des médicaments. Dans l’attente de mesures concrètes, les patients, eux, continuent de souffrir.
Emedia