En marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), la bataille pour la succession à la tête de l’institution se joue autant dans les salles officielles que dans les coulisses du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. Favori selon plusieurs observateurs, le Sénégalais Amadou Hott, ancien ministre de l’Économie et expert reconnu, a impressionné par la qualité de sa présentation. Soutenu activement par Dakar, il devance les autres candidats, dont le Mauritanien Sidi Ould Tah, actuel président de la BADEA. Ce dernier bénéficie, lui, d’un appui inattendu mais déterminant : celui du Président ivoirien Alassane Ouattara. Ce soutien ne serait pas désintéressé. En effet, la BADEA, sous la direction de Sidi Ould Tah, a récemment financé l’achat de deux avions pour la Côte d’Ivoire, un geste apprécié au plus haut sommet de l’État. Depuis l’ouverture des travaux, le Président Ouattara serait personnellement impliqué pour orienter les votes en faveur du candidat mauritanien. Il aurait rencontré plusieurs délégations et exercé une forte pression diplomatique, selon des sources proches du processus. Une démarche critiquée par certains États membres, qui dénoncent une tentative de manipulation. L’enjeu est de taille : si Sidi Ould Tah est élu à la tête de la BAD, il quittera la BADEA pour diriger une institution bien plus influente sur le continent. En coulisses, des manœuvres plus lourdes visant à fragiliser la candidature de Amadou Hott auraient également été observées. Dans ce contexte tendu, marqué par des alliances stratégiques, l’élection à la présidence de la BAD prend des allures de bras de fer politique et diplomatique.
Emedia