À Ziguinchor, le Projet Cadastres et Sécurisation Foncière (PROCASEF) célèbre la Journée internationale de la femme en mettant en avant un enjeu crucial : l’accès des femmes à la terre. Après Saint-Louis l’an dernier, cette édition se concentre sur un panel autour du thème : « Représentation socio-culturelle de la terre et accès des femmes au titre d’affectation ».

Pour Mouhamadou Moustapha Dia, coordonnateur national du PROCASEF, cette thématique est essentielle : « L’accès des femmes à la terre est un défi permanent. Ici en Casamance, elles jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’économie locale. Notre projet vise à leur garantir un accès sécurisé à des titres fonciers. »
Le PROCASEF s’inscrit dans une dynamique de formalisation des droits fonciers, en facilitant l’octroi de 138 000 titres d’affectation, dont 30 % destinés aux femmes. Cette initiative s’appuie sur divers outils, notamment les droits collectifs instaurés en 2022, qui permettent d’intégrer les femmes dans la gestion foncière familiale. « Ce programme est un levier de développement économique et social », souligne Mouhamadou M. Dia.

L’un des défis majeurs reste l’ancrage des traditions et représentations socioculturelles qui freinent l’accès des femmes à la terre. Pour contourner ces obstacles, le PROCASEF mise sur la sensibilisation, l’information et le dialogue avec les autorités locales, notamment les maires, qui sont chargés de délivrer les titres d’affectation. « Nous avons mis en place une démarche opératoire et des outils concrets pour garantir une prise en charge effective des droits des femmes », ajoute le coordonnateur.
Fatoumata Daffé, responsable sauvegarde sociale et genre du projet, insiste sur la nécessité de formaliser les occupations des terres exploitées ou habitées par les femmes. « Nous accompagnons les communes et les communautés dans l’inventaire des droits fonciers afin d’assurer l’octroi des titres d’affectation », explique-t-elle.

Les résistances culturelles restent un frein, notamment en Casamance où la terre est souvent perçue comme un bien collectif. Pour lever ces barrières, le PROCASEF organise un panel réunissant des universitaires et des experts afin d’analyser ces représentations et d’adapter la formalisation des droits fonciers au contexte local. « Nous devons conjuguer reconnaissance des droits des femmes et respect des traditions », souligne Mme Daffé.

L’initiative du PROCASEF s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation du secteur foncier, soutenue par l’État sénégalais et les nouvelles autorités. À travers cette action, le projet ambitionne de faire de l’accès sécurisé des femmes à la terre une réalité tangible, contribuant ainsi à renforcer leur autonomie économique et sociale.
Emedia