La guerre des nerfs que se livrent le président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, son « meilleur Premier ministre de tous les temps » n’en finit pas de tenir le pays en haleine, depuis la confection de la liste PASTEF aux législatives écartant sans ménagement tout ce qui ressemble de près ou de loin à la Coalition Diomaye Président…
Des sorties exaspérées dans les médias sur les chiffres truqués et la dette cachée, un réaménagement ministériel et quelques arrestations fracassantes plus tard, la note du Sénégal boit la tasse. Y a eu quelques pics qui donnent des sueurs froides aux marchés financiers, lesquels se font de plus en plus réticents à prêter au Sénégal, le blanc-seing du FMI tardant à frapper au coin du bon sens l’économie sénégalaise.
Qu’à cela ne tienne, puisque le président de la République trouve qu’il a le meilleur Premier ministre de tous les temps. C’est son ami, précise-t-il à l’intention des malappris qui doutent encore que « Diomaye môy Sonko », même si depuis quelques semaines, Abdourahmane Diouf fanfaronne avec un « Ass môy Diomaye, Diomaye môy Ass » qui en rajoute à la nervosité ambiante.
On pense que le « Téra Meeting » annoncé lors de l’importante déclaration d’Ousmane Sonko sur les réseaux sociaux prédisant alors sans sourciller qu’il y aura un « avant le 08 novembre et un après le 08 novembre » devrait être l’apothéose d’une saga politique et la délivrance de nos angoisses existentielles.
Donc, ce samedi 08 novembre, le pays entre en ébullition, et ça vient des quatre coins du Sénégal par longues files de bus pour assister au moment à ne rater sous aucun prétexte. Pour en rajouter au suspense, la vénérée Sokhna Aïda Diallo, veuve du regretté Cheikh Béthio Thioune, promet de miser cent marmites sur l’événement historique. Quand on connait son art majeur de faire enfiler les moutons par des gallinacées, bêtes à cornes avec lesquelles on fourre des chameaux ou des bovins, il y a de quoi quitter son patelin natal pour répondre à l’appel du patriotisme exacerbé.
Bref, tout ça fleure bon la révolution en marche, que le peuple des 54% appelle de tous ses vœux depuis le 24 mars 2024.
Afin que nul n’en ignore, et surtout pas le président de la République auquel la démonstration de force de PASTEF s’adresse depuis le parking du Stade Léopold Sédar Senghor, dont on dégage les squatters quelques jours auparavant pour faire place nette, ce samedi 08 novembre 2025, donc, on a droit à une superproduction qui n’économise pas ses deniers pour recruter du figurant. Certes, une marée humaine s’y presse, et même s’y compresse, s’étendant jusqu’aux pieds du gourou de PASTEF pour boire sa bonne parole.
Quel sort est réservé aux cent marmites promises par Sokhna Aïda Diallo pour embellir ce jour béni ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que ça avale goulûment les révélations fracassantes du Manitou de PASTEF sur les magistrats ennemis jurés du « Projet », tout comme les traîtres doublés de malfrats arpentant les couloirs du Palais, suivez son regard jusqu’à Abdourahmane Diouf et Mimi Touré, ou les conditions inacceptables du FMI qui insultent la fierté nationale…
Il y a surtout l’injonction au président de la République de rentrer au bercail PASTEF, sous son giron sans doute, pour enfin gouverner. Le « Téra Meeting » aura donc vécu, et le tremblement de terre promis pour le lendemain n’a pas encore lieu.
Le président Bassirou Diomaye Faye, que l’on n’a certes pas invité à ces agapes, est pourtant la cible de cette démonstration de force de son Premier ministre. Sauf que dans une République normale, son plus proche collaborateur lui servirait une tribune pour remobiliser du militant égaré et redonner de l’espoir au citoyen dépressif. Mieux, ou pire, c’est selon, le Premier ministre lui sert de fusible pour encaisser les courts-circuits, de bouclier qui prend les coups à la place du chef de l’État.
Rien de tout ceci, bien au contraire : le Premier ministre met pratiquement son patron dos au mur, comme pour une exécution, face à la canonnade en langage fleuri de ses ouailles de PASTEF…
Cela fait des mois que sur les réseaux sociaux, après la sortie d’Ousmane Sonko sur le manque d’autorité qui mine la République, ça se demande s’il y a vraiment un pilote dans La Pointe de Sangomar. Apparemment, le Premier ministre, qui se projette au pouvoir jusqu’en l’an du Baobab 2050, piaffe d’impatience d’en prendre les rênes, alors que le Président se presse lentement de les lui confier…
L’attente lui semble insupportable et a le don de lui mettre les nerfs en pelote, au point qu’il prenne des congés avant et après le fameux « Téra Meeting ». Même les Conseils des Ministres avec en face de lui l’Ass-de-Diomaye lui foutent les boules et il préfère éviter. C’est vous dire…
Yassine Fall devra se dévouer pour assurer son intérim, le temps que le Premier ministre en phase de surmenage se remette de ses émotions. On ne va pas s’ennuyer ?
Dieu merci, « le meilleur Premier ministre de tous les temps » est bien entouré, et ça en jette, entre les tirades de Waly Diouf Bodiang, les prières d’Aïda Mbodj et les boutades de Guy Marius Sagna, entre autres militants à la bonne mémoire, qui rappellent à haute voix que Bassirou Diomaye Faye s’est fait battre par une femme dans son village aux dernières locales…
De toutes manières, le fils préféré de Ndiaganiao n’est qu’un président juste légal, sans vraie légitimité, ose l’honorable député ; un intérimaire dont le destin est de rendre les clefs du Palais au bout de deux années de farniente à tout casser, quand il aura assez vu du pays, foulé des tapis rouges, passé en revue des armées de tous les pays.
Bref, la charge est féroce.
Problème : Bassirou Diomaye Faye qui semble avoir les nerfs solides oppose au « Téra Meeting » un mutisme que le confrère Mamadou Amath dans ses années glorieuses qualifierait d’assourdissant : on n’entend que ce silence présidentiel qui fait des échos dans les salons. Pire, il s’affiche avec Mimi Touré qui prend définitivement du galon comme coordonnatrice de la Coalition Diomaye Président, tandis qu’Ass, qui est au Brésil pour un sommet sur l’Environnement, poursuit tranquillement sa mission avant de rentrer tout sourire.
Comme dit le bon sens populaire, la fureur du poulet à rôtir laisse de marbre le cuisinier ?
Emedia






