Seydi Gassama, secrétaire général d’Amnesty International Sénégal, s’est exprimé sur la question de la migration de la main-d’œuvre sénégalaise, notamment vers des pays comme l’Espagne et le Qatar. Il a retracé les différentes vagues migratoires qui ont marqué l’histoire récente du Sénégal.
« Dans les années 70 et 80, nous avons assisté à un départ massif d’ouvriers sénégalais vers le Gabon, où ils ont contribué à la construction des infrastructures du pays, alors boosté par les revenus pétroliers. Plus tard, des diplômés de l’enseignement supérieur ont également quitté le Sénégal pour enseigner dans les lycées et collèges du Gabon et de la Côte d’Ivoire », a rappelé Seydi Gassama.
Cependant, depuis le début des années 2000, le secrétaire général d’Amnesty note une évolution inquiétante : « Nous assistons à une fuite organisée des cerveaux vers des pays comme le Canada, mais également à une recrudescence des départs clandestins, comparables aux tragiques épisodes des boat-people, vers les îles Canaries et les côtes méditerranéennes. »
Face à ces migrations souvent périlleuses, il salue les initiatives visant à organiser le départ de travailleurs vers des pays demandeurs de main-d’œuvre, à l’image de l’Espagne ou du Qatar. Selon lui, une telle approche est essentielle dans un contexte où le chômage des jeunes reste un défi mondial : « Même les grandes nations industrialisées sont confrontées à ce problème, alors à plus forte raison les pays en développement comme le Sénégal, où les moins de 35 ans représentent plus de 75 % de la population. »
Pour Seydi Gassama, un encadrement structuré de ces migrations peut offrir des opportunités économiques tout en réduisant les risques liés à l’immigration clandestine.