La Coalition Nationale de Transparence et de Suivi Budgétaire (CNTSB) a tenu, ce mercredi 7 mai, une table ronde consacrée à l’analyse budgétaire et au suivi des investissements publics dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles (y compris les ressources pétrolières et gazières), l’emploi des jeunes et la migration.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Programme d’Appui à la Société Civile pour une meilleure Gouvernance (PASC), financé par l’Union Européenne. L’objectif est de renforcer les mécanismes de contrôle citoyen sur la gestion des finances publiques et d’améliorer la gouvernance à travers une meilleure transparence et redevabilité.
Longtemps axé sur les contrôles de régularité financière, le suivi budgétaire au Sénégal évolue désormais vers un contrôle de performance. Il s’agit d’évaluer non seulement les opérations financières, mais aussi l’efficacité, l’efficience et la pertinence des actions publiques. Dans cette dynamique, la table ronde a permis d’analyser l’impact réel des investissements publics entre 2021 et 2023, tout en proposant des pistes d’amélioration pour le budget 2025.
Amadou Kanouté, directeur exécutif de CICODEV Afrique, a expliqué que cette rencontre fait suite à la mise en place de groupes locaux de suivi budgétaire et de clubs d’analyse mis en œuvre par le Réseau Citoyen pour la Transparence Budgétaire (RCTB) et la CONASUB. Ces groupes ont travaillé dans quatre régions – Sédhiou, Kédougou, Saint-Louis et Dakar – sur un échantillon de 25 projets. Leurs constats sont préoccupants : manque d’accès à l’information budgétaire, faiblesse dans la transmission des taux de réalisation et déficit global de redevabilité.
« Nous avons voulu comprendre comment les investissements publics sont planifiés, exécutés et suivis. Malheureusement, les réponses restent insatisfaisantes », a déploré M. Kanouté. Il pointe du doigt des failles dans la planification et l’utilisation des ressources publiques, qui nuisent à la performance des projets.
Face à cette situation, plusieurs recommandations ont été formulées :
instaurer des mécanismes de redevabilité permettant un meilleur suivi des ressources ;
créer des plateformes numériques d’accès public ou organiser des revues annuelles conjointes pour diffuser les informations en temps réel ;
centraliser l’information budgétaire à Dakar pour en garantir l’accessibilité.
« L’accessibilité des données budgétaires est essentielle pour favoriser un contrôle citoyen efficace et encourager la participation de la société civile », a affirmé M. Kanouté.
En conclusion, il a indiqué que les recommandations issues de cette table ronde seront intégrées dans les cadres de dialogue entre l’État, la société civile et le secteur privé, dans le prolongement des activités du PASC.
Aissatou Sougou Cissé