«Le Sénégal pourrait-il se gorger de cette pierre précieuse ?». C’est la problématique qu’a posée le géophysicien, Pape Mapathé Mbaye dans son Mémoire de master de Géosciences, soutenu en 2021 à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad. De 1963 à 1968, les résultats des travaux de prospection de la mission de l’Onu (Pnud) ont permis la découverte de 5 diamants totalisant 0.64 carat dans la région de Kédougou. L’objectif de ses travaux était de conduire une analyse sur les perspectives du potentiel diamantifère du Sénégal oriental, mettant en évidence les lacunes des recherches précédentes. L’auteur recommande la «reprise des travaux de prospections du diamant en commençant par une cartographie détaillée des secteurs cibles».
Les révélations de Me Moussa Diop sur une supposée «attribution d’un contrat d’exploitation d’une mine de diamant au nord du Sénégal» a fait couler beaucoup de salive. Le ministère des Mines Oumar Sarr précise même, dans un communiqué, «qu’il n’y a jamais eu de permis d’exploitation de diamant délivré au Sénégal». Le directeur général de la Société des mines du Sénégal (Somisen), Ousmane Cissé a aussi avancé que «des missions qui ont été effectuées sur le terrain pour rechercher du diamant au Sénégal ont conclu que les quelques petites pierres qui ont été retrouvées l’ont été dans le fleuve de la Falémé et que c’était en réalité du diamant alluvionnaire de la Guinée emporté par les courants d’eau». En attendant que cette affaire de «diamant» soit vidée, Bés bi fait une rétrospection du projet de prospection «d’or et de diamant» de l’Etat du Sénégal, de 1963 à 1968 dans la région orientale. En dépit du manque de volonté politique tant dans l’investissement que dans la recherche de cette pierre précieuse, quelques universitaires ont tenté de fouiller les graviers. Dans son Mémoire de master de Géosciences, soutenu en 2021 à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad, et publié dans la bibliothèque numérique de l’Ucad, Pape Mapathé Mbaye met en lumière les lacunes des recherches précédentes du diamant. L’objectif de son mémoire intitulé «Prospection du diamant de 1963 à 1968 sur la rive gauche de la Falémé dans les secteurs de Wanssangara, Toumbingfara et Mahina-mine : résultats et perspectives», est de conduire une analyse sur les perspectives du potentiel diamantifère du Sénégal oriental, notamment dans ces 3 secteurs. Pape Mapathé Mbaye a mené ses travaux dans la région de Kédougou, plus précisément à l’est du département de Saraya entre la frontière du Sénégal et du Mali, le long de la rive gauche de la Falémé dans les secteurs de Toumbingfara, Wanssangara et aux alentours du village de Mahina mine.
«Tous les rapports ont souligné le manque d’outils adéquats spécifiques à la recherche de diamants»
De 1963 à 1968, les résultats des travaux de la mission de l’Onu ont permis la découverte de 5 diamants totalisant 0.64 carat. «L’objectif majeur de cette étude était de prouver l’existence de diamants et mettre en évidence des concertations industrielles d’or dans les alluvions de la rivière de la Falémé et ses affluents», a-t-il écrit. D’après l’observation des différents travaux de prospection de diamant qui ont été exécutés au Sénégal oriental, l’étude de Pape Mapathé Mbaye ne considère pas le sujet comme clos. Il souligne d’ailleurs que la recherche de ces diamants de la Falémé «implique beaucoup de difficulté aussi bien dans le choix des secteurs à étudier que dans le choix de la méthode de prospection à appliquer». «Tous les rapports de fin de mission ont souligné l’insuffisance des travaux et le manque d’outils adéquats spécifiques à la recherche de diamants», note M. Mbaye, avant de suggérer la prospection du diamant dans les alluvions de la Falémé par la méthode de recherche directe de diamant, c’est-à-dire «par le lavage de gros volume». «Tout ce territoire (plus précisément depuis le village de Bountou jusqu’à Mahina-mine) mérite une étude complémentaire en mettant l’accent surtout sur la recherche de ‘’corps kimberlitique’’. Cela nécessite des fonds d’investissement assez exorbitants», note l’auteur du mémoire. Pape Mapathé a conclu que les diamants trouvés entre 1963 et 1968 pourraient provenir d’une «source primaire kimberlitique pouvant se trouver aussi bien en territoire malien qu’en territoire sénégalais». Pour évaluer le potentiel diamantifère du secteur, l’étude recommande la «reprise des travaux de prospection du diamant en commençant d’abord par une cartographie détaillée des secteurs cibles comme celui de Bountou -Wanssangara- Mahina-mine-Garebouréa», dans le «but de rechercher les accompagnateurs du diamant et enfin évaluer le potentiel diamantifère du secteur». Les résultats de Pape Mapathé Mbaye sont une invite à l’Etat à plus d’investissement dans la recherche et dans la prospection du diamant qui pourrait se «cacher» quelque part.
Fodé Bakary CAMARA