L’Assemblée nationale pourrait bientôt se pencher sur une affaire aux allures de scandale. Une proposition de résolution visant la création d’une commission d’enquête parlementaire a été déposée par le député Babacar Ndiaye, membre de la coalition PASTEF, pour faire la lumière sur un contrat d’armement de 45 milliards de francs CFA signé en 2022 par le ministère de l’Environnement avec le marchand d’armes nigérien Aboubakar Hima, alias « Petit Boubé ».
Un contrat aux contours flous
Le marché en question prévoit l’acquisition de fusils d’assaut, de munitions, de pick-up, de citernes, de motos et de drones, destinés aux agents des Eaux et Forêts ainsi qu’aux Parcs nationaux. Une commande d’une ampleur inhabituelle pour un ministère dont les missions se concentrent sur la protection de l’environnement et la lutte contre le braconnage.
Plus surprenant encore, les armes commandées n’ont jamais été livrées aux agents concernés. Cette absence de matériel interroge d’autant plus que, selon des experts, le montant du contrat serait largement surévalué. En effet, des estimations indiquent que la commande n’aurait pas dû excéder 25 milliards de francs CFA, soulevant ainsi la question de l’affectation des 20 milliards restants.
Un fournisseur controversé
Autre élément troublant : le choix du fournisseur. Aboubakar Hima, alias « Petit Boubé », est un homme d’affaires sous le coup de mandats d’arrêt internationaux émis par le Niger et le Nigeria. Pourquoi et comment l’État sénégalais a-t-il collaboré avec un individu au passé judiciaire aussi lourd ?
Des interrogations en cascade
Face à ces zones d’ombre, la proposition de résolution met en avant plusieurs questions essentielles :
Pourquoi le ministère de l’Environnement a-t-il pris en charge cette commande alors que le ministère des Forces armées est l’organe habilité en matière d’achats d’équipements militaires ?
Quelle est la justification réelle d’une telle acquisition, jugée excessive même par des officiers supérieurs de l’armée sénégalaise ?
Pourquoi les armes n’ont-elles pas été livrées aux brigades de l’environnement ?
Où sont passés les 20 milliards de francs CFA qui semblent s’être volatilisés ?
Vers une commission d’enquête parlementaire
Pour répondre à ces interrogations, Babacar Ndiaye propose, en vertu de l’article 48 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Composée de onze députés, cette instance aura pour mission d’élucider les circonstances de cette transaction et d’informer aussi bien l’Assemblée nationale que l’opinion publique.
Ce dossier, qui mêle achat d’armes, opacité financière et soupçons de malversations, risque de secouer le paysage politique dans les semaines à venir.
Emedia