Le lundi 4 septembre 2023, la communauté mouride du monde entier va célébrer le grand Magal de Touba. Qui est-ce qui est à l’origine de ce grand rassemblement ? Pour répondre à cette question, notre source révèle que le 10 août 1895, c’est-à-dire le samedi 18 Safar 1313, Cheikh Ahmadou Bamba a été arrêté à Djéwal (actuelle région de Louga) par les colons. C’est sur ces entrefaites qu’il a été conduit dans la salle de délibération du conseil privé, sis dans la gouvernance de Saint-Louis, pour un procès le 5 septembre de la même année. C’est à l’issue de ce procès que le conseil avait décidé « à l’unanimité, après avoir entendu les rapports de M. MERLIN et LECLERC, et fait comparaître Ahmadou Bamba, qu’il y avait lieu de l’exiler au Gabon ». En l’exilant pendant sept longues années, l’objectif visé par les autorités françaises était de faire oublier les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba. Ce dernier a donc choisi cette date du 18 Safar comme jour d’actions de grâce et de fête.
Selon Cheikh Abdoul Ahad Mbacké par ailleurs 3e Khalife des Mourides, c’est en 1921 à Diourbel que le Cheikh lança son célèbre appel : « Quant au Bienfait que DIEU m’a accordé, ma seule et souveraine Gratitude ne le couvre plus, par conséquent j’invite toute personne qui se réjouit de mon bonheur personnel, à s’unir à moi dans la reconnaissance éternelle à DIEU, chaque fois que l’anniversaire de ce jour la trouve sur terre ». En 1980, indique toujours notre source, Cheikh Abdoul Ahad dans son appel pour le Grand Magal, cite les écrits du Cheikh pour étaler l’étendue des bienfaits reçus de Dieu : « DIEU m’a accordé des dons prodigieux qu’il n’a jamais accordés et qu’il n’accordera jamais à un contingent. » « Je ne doute guère de ma qualité de voisin intime du Créateur de l’UNIVERS ; quel magnifique état ! ».
« Les faveurs extraordinaires, innombrables que j’ai obtenues de DIEU ne se comptent plus dans l’univers et c’est cela, mon bonheur. » Chacun selon ses moyens (de la poule au chameau) est invité à célébrer ce jour 18 Safar chaque fois qu’il en a l’occasion. C’est une forte recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba que tous les Khalifes rappellent à la veille du Magal.
Sur la signification du mot « Magal », Cheikh Saliou Mbacké 5ème khalife de Sérigne Touba, à l’occasion de son appel du 25 août 1990, nous édifie clairement. Il affirme en substance que la Fête du sacrifice étant une Tradition Prophétique, l’appellation « deuxième fête du sacrifice » que les talibés avaient adopté ressemblerait donc à une innovation blâmable (« Bidaa »). C’est pourquoi le Cheikh recommanda de l’appeler « MAGAL » (MAGAL : Terme Wolof qui signifie ici célébrer, évidemment dans l’exaltation de la Grandeur du SEIGNEUR et l’Election du Prophète. C’est autrement dit glorifier le SEIGNEUR et Son PROPHETE) ; Donc que personne ne l’appelle plus « deuxième Fête du Sacrifice » mais « Magal » C’est le Cheikh qui est le premier à prononcer ce mot que nous nous employons tous aujourd’hui. Le Magal était célébré individuellement par chaque talibé chez lui comme la Tabaski. Cela a été ainsi du temps du Cheikh et pendant le règne du premier Khalife Cheikh Mouhamadou Moustapha (1927 – 1945).
On peut penser que le premier Khalife n’a pas appelé à la célébration du Magal à Touba, peut être uniquement parce que la majeure partie de son Khilafat a coïncidé avec la crise des années trente ainsi que la seconde guerre mondiale; Il était en outre préoccupé, par le plus important projet mouride : la grande Mosquée de Touba, qui nécessitait le prolongement du chemin de fer de Diourbel à Touba. Serigne Mouhamadou Moustapha réalisa le tronçon Diourbel- Touba sur fonds propres et facilita le transport des matériaux de construction. Il choisit le 20 du mois lunaire mouharram qui marque le retour à Dieu du Cheikh pour le grand rassemblement annuel des mourides. C’est le deuxième khalife des mourides Cheikh Mouhamadoul Fadel Mbacke qui appela tous les fidèles mourides à venir à Touba pour célébrer le Grand Magal en 1948. Le Grand rassemblement à Touba a permis au deuxième Khalife de profiter de ce jour d’actions de grâce pour mobiliser et motiver annuellement les talibés pour l’achèvement du Grand Projet de la communauté, la Grande Mosquée de Touba. Le khalife célébra avec faste la prière d’inauguration de la Mosquée en 1963.