Invitée du Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio, Aminata Touré a proposé une recette pour limiter les pouvoirs excessifs du président de la République au Sénégal. « Il faut que nos présidents se préparent à partir, que leurs équipes se préparent également à partir. Ça c’est important parce que nous sommes des chefferies africaines qui ne disent pas leur nom. Parce que le président vit dans un régime qui lui donne tous les pouvoirs. On est dans l’hyperprésidentialisme. Après deux mandats, votre égo enfle et voilà que vos collaborateurs comprennent que mieux vaut aller dans le sens de vos idées. Il faut contenir les pouvoirs du président de la République », a déclaré Aminata Touré. Avant de continuer : « c’est cet excès qui finit par leur porter tort. L’être humain lorsqu’il n’a pas de limite à son pouvoir il se dirige lentement et sûrement vers une forme de despotisme ».
S’agissant de ses propositions, elle a commencé par soutenir que la question du 3e mandat a été réglée. Deuxièmement, dit-elle, il faut que le président qui nomme aux fonctions civiles et militaires ait une commission qui sera composée des gens de savoirs, des universitaires, Assemblée nationale, etc. « En tout cas, des gens qui seront capables d’évaluer les propositions de nomination que le président fait. Cela va nous conduire à la dépolitisation de notre État. Il faut que les nominations répondent à des critères d’expertise, de savoir, etc. Et cette commission va jauger et évaluer les connaissances. Les nominations doivent également être ouvertes à compétition. Éviter également la question de la famille. Ça n’a rien de personnel et il faut que les gens comprennent cela. Je pense qu’il faut que les présidents soient protégés contre leur famille et contre eux-mêmes. Je ne dis pas que les parents du président de la République ne sont pas des citoyens comme tout le monde mais je pense qu’il faut éviter de les mettre dans des situations de manipulation de ressources importantes qui pourraient donner des cas comme le Gabon, l’Angola et ici même au Sénégal avec l’affaire Karim Wade », a-t-elle proposé.
Selon elle toujours, il faut également que le président n’ait plus l’influence sur la justice. « Mais tant qu’il nommera les juges et les procureurs ça sera difficile pour les magistrats d’affirmer leur indépendance. Il faut une commission au sein du conseil supérieur de la magistrature. Personnellement, je ne suis pas contre le fait que le président de la République préside le conseil supérieur de la magistrature parce que je ne suis pas pour une République des juges non plus. Le conseil doit être élargi au secteur privé et aux syndicats parce qui y a des conflits du travail au tribunal. Je pense aussi qu’il faut l’élargir aux consommateurs, aux femmes et aux jeunes. Cette commission aura pour rôle de gérer les carrières sur la base du mérite », a-t-elle souligné.
Elle considère par ailleurs que certains ministres ne doivent pas faire de la politique. Elle a donné l’exemple du ministre des Finances, du ministre de la Justice, du ministre des Affaires étrangères, du directeur général du Budget,… Pour finir, Mimi Touré pense qu’il faut des lois pour matérialiser tout ce qu’elle vient de dire.