Tant d’affaires, de scandales présumés sur les frêles épaules d’un seul homme. Sonko serait donc chargé comme le baudet. Faut-il pour autant crier haro sur le baudet et avec les loups ? La corruption de la jeunesse relève déjà d’une infamie. On espère pour lui que l’histoire du magot de 12 milliards est cousue de fil blanc. Car, si ce dont on l’accuse est vrai, son sort est scellé. D’abord parce que PROS, comme l’appellent ses inconditionnels, aura pris des risques inconsidérés. Faire l’élection avant la tenue de l’élection, c’est juste de l’amateurisme doublé d’arrogance. C’est pareil que vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu.
La somme astronomique avancée laisse aussi dire que celui qui l’a perçue est trop gourmand, cupide et tordu. S’il était impliqué dans des micmacs pareils, il ne serait plus digne de confiance encore moins de fauteuil présidentiel. Enfin, si ce qu’on dit au sujet du maire de Ziguinchor n’est pas de la science-fiction, la conspiration est établie. On n’en est pas encore là. Il faut les enquêtes et les preuves irréfutables. Mais pourquoi s’en prendre uniquement à Sonko dans cette prétendue affaire ? Si l’information se vérifiait, les bandits de grand chemin ne seraient autres que les Qataris. Ils seraient coupables d’ingérence, de tentative de déstabilisation, voire de terrorisme. Leurs agissements constituent un incident diplomatique.
Le Qatar est en vérité un État-paria. Le financement des Frères musulmans égyptiens qui ont engendré le Hamas est aussi bien son œuvre qu’un secret de polichinelle. C’est l’Emirat qui fait le plus d’ingérence au monde en soufflant sur les braises. Jamais à court de cynisme, il vient ensuite faire les bons offices. On appelle ça pompier-pyromane. Ce qui interpelle toutefois est que personne ne bronche comme s’il y avait une immunité pour l’avatar que constitue le Qatar.
Prudence et distance
Cette présomption de gros sous et d’associations de malfaiteurs a été «éventrée» par un député, puis par des chroniqueurs qui ne veulent pas voir Sonko même en photo. Il faut donc de la prudence et de la distance face à ce qu’il faut considérer comme un canular jusqu’à preuve du contraire. Aussi, faudrait-il dénoncer l’acharnement et la mesquinerie contre un homme qui a un genou à terre. Il y a là-dedans une part de haine dont un grand Président Sénégalais disait qu’elle n’est pas conforme à son génie. Celui qui est montré du doigt est en prison. La prison est une épreuve. Il faut le laisser en paix méditer sur son sort, réfléchir et beaucoup lire. Portons-lui par exemple de beaux et grands livres de préférence des romans pour qu’il se cultive. Le bouillon de culture est cent fois mieux que toute cette hubris dont les Sénégalais en ont plus qu’assez.
Assane GUÈYE