Le référentiel des politiques publiques de Diomaye-Sonko sera présenté ce lundi au Cicad. Exit le Pse, place à la Snd Vision 2050 ! Bés bi revient sur les péripéties de ce «Projet» à long terme, vanté, critiqué, ralenti…
C’est l’un des mots-clés de la politique sénégalaise depuis près d’une dizaine d’années : le «Projet». Un produit vendu par son porteur, Ousmane Sonko qui, après sa radiation de la fonction publique, a choisi son chemin. Ses racines et son essence, selon ses animateurs, l’anti-système, franc Cfa, bases militaires… C’est sexy pour les jeunes, les activistes. Alors, telle une mise en bouche, ce projet de changement systémique domine les éléments de langage, parfois bien châtié chez les moins instruits qui prolongent le concept à leur manière : «prozet». Pastef entend se démarquer de l’establishment, des habitudes et des discours politiques. Et promeut le panafricanisme, l’impérialisme, le nationalisme, le patriotisme. Son leader veut se peser aux Législatives de 2017 et écrit des livres «Pétrole et gaz au Sénégal», puis «Solutions pour un Sénégal nouveau». Elu député, il fonce. Direction 2019. Il propose le «Projet» approuvé par près de 17% des suffrages, qui le projettent à la 3e place derrière Idrissa Seck. Ce dernier rejoint Macky Sall et laisse une place au leader de Pastef.
Le procès du «Projet»
Entretemps, que de choses se sont passées, obstruant la marche du porteur de projet vers le fauteuil. Affaire Sweet beauty, émeutes, emprisonnements… Mais des événements accélérant une chute du régime Macky Sall qui, lui ne sera pas de la partie cette fois-ci. Le programme tout en ruptures prônées par Pastef, sans forcément être bien compris par ses militants et sympathisants, est détourné en un projet de «déstabilisation du pays». C’était le procès du ‘’Projet’’. Mais il continue d’embarquer des électeurs. Ce qui s’est concrétisé aux Locales janvier et aux Législatives de juillet 2022. Même si c’était avec une grande coalition. Le porteur du «Projet» ne sera pas lui non plus de la partie, il le délèguera à un de ses plans B, qui met en place la coalition Diomaye Président.
Le président de la République fait de la lutte contre la corruption, de la renégociation des principaux accords économiques et militaires, et de la sortie du franc CFA, les points forts de son futur mandat, la reddition des comptes… Alors, tout le monde attend la rupture annoncée, les nouveaux dirigeants, dès le premier Conseil des ministres, annoncent le processus de «transformation systémique» ou «Projet», qui sera le nouveau référentiel des politiques publiques à la place du Pse de Macky Sall. Lorsque Sonko a annoncé qu’il sera disponible en septembre, ses détracteurs ont vite chanté «l’absence de projet», «il n’a jamais existé», «ils n’étaient pas prêts»… Puis, septembre est mort, «Projet» n’est pas né. Le 7 octobre est retenu en même temps que la conférence de presse sur l’état des lieux. Enfin, ce lundi 14 octobre.
Malick SY