Le ras-le-bol est palpable dans la région de Kolda. À Salikégné, les populations sont montées au créneau ce samedi pour dénoncer l’abandon du chantier de la route Kolda–Salikégné, un axe long de 28 kilomètres, crucial pour la mobilité et le développement local.
Lancé en grande pompe en 2022, le projet de bitumage est aujourd’hui à l’arrêt, sans qu’aucune explication officielle ne soit fournie. Une situation que les habitants ne digèrent plus.
« C’est un profond désespoir. Dès le lancement, nous avons senti que le projet manquait de sérieux. Ce tronçon est vital pour les communes de Dioulacolon, Guiré Yéro et Salikégné. Il est aussi stratégique, car Salikégné est situé à la frontière. Le bitumage de cette route ouvrirait d’importantes perspectives pour notre zone », a déclaré Bambo Diakité, porte-parole des manifestants.
Sur le terrain, la route est devenue un véritable cauchemar : nids-de-poule à perte de vue, véhicules régulièrement endommagés, accidents fréquents, et un accès de plus en plus difficile aux services de base comme la santé, l’éducation ou les marchés. Les mots utilisés par les riverains pour décrire la situation – « calamiteux », « dangereux », « abandonné » – traduisent une profonde frustration.
Au-delà de la mobilité, c’est toute l’économie locale qui souffre : enclavement des villages, ralentissement des échanges, baisse des revenus et sentiment croissant d’abandon. Pour les habitants, la réhabilitation de cette route est non seulement un besoin urgent, mais aussi un levier indispensable pour désenclaver la région et relancer le tissu socioéconomique.
Face à ce qu’ils perçoivent comme une inertie de l’État, les populations se disent déterminées à se faire entendre. Leur message est clair : elles ne veulent plus de promesses ni de visites officielles après des drames.
« Nous ne voulons plus de discours ni de condoléances après l’irréparable. Ce qu’il nous faut, c’est une route. Maintenant », martèle un habitant, sous les applaudissements d’une foule exaspérée.
Un cri du cœur que les autorités ne pourront ignorer encore longtemps.
Lamine Touré, journaliste à la radio Génération FM Ziguinchor