Réuni au Palais de la République sous la présidence du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, le Conseil des ministres de ce mercredi a mis en avant plusieurs dossiers majeurs, dont la situation préoccupante des finances publiques, la sécurité routière et le développement des infrastructures.
Dès l’ouverture de la séance, le président Faye a rendu hommage à Serigne Bassirou Mbacké Anta Niang, Khalife de Darou Mouhty, décédé le 8 février, avant d’appeler à une organisation sans faille du Magal prévu le 14 février.
Une situation budgétaire alarmante
Le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024 dresse un bilan préoccupant. Il met en lumière des irrégularités dans la comptabilisation des recettes, faussant la lecture des déficits budgétaires. Ceux-ci, déjà inquiétants, ont atteint un niveau critique, passant de 9,85 % du PIB en 2019 à 12,30 % en 2023.
La gestion de la dette publique est également pointée du doigt. L’endettement a grimpé en flèche, passant de 65,59 % du PIB en 2019 à près de 100 % en 2023. Des emprunts excessifs ont été contractés, certains finançant des dépenses non budgétisées, augmentant ainsi les risques financiers. Autre anomalie : l’absence de rapports détaillés sur les exonérations fiscales pour 2022 et 2023, en contradiction avec les directives de l’UEMOA.
Face à ces constats, le président a exigé des mesures correctives immédiates. La rigueur budgétaire devra être renforcée, notamment en mettant fin aux pratiques comptables irrégulières et en assurant une meilleure traçabilité des fonds publics. Un audit approfondi des dépenses financées sur ressources extérieures sera engagé, et la gestion de la dette fera l’objet d’un suivi strict.
Urgence sécuritaire sur les routes
La recrudescence des accidents de la circulation a également retenu l’attention du chef de l’État. Il a ordonné une application rigoureuse des mesures de sécurité routière et un renforcement de la formation des conducteurs. L’amélioration des infrastructures et le renouvellement du parc automobile figurent parmi les priorités, tout comme une meilleure régulation des gares routières.
Un programme national de modernisation des infrastructures routières sera lancé d’ici fin mars 2025. Il inclura une refonte du modèle économique de construction et d’entretien des routes et autoroutes, ainsi que la consolidation des divers programmes routiers existants.
Vers une souveraineté alimentaire renforcée
Le secteur de l’élevage, pilier de l’économie nationale, a également été abordé. Le président a insisté sur la nécessité d’appliquer le Code pastoral pour assurer une meilleure cohabitation entre agriculteurs et éleveurs et prévenir les conflits. La lutte contre le vol de bétail sera intensifiée, et des mesures seront prises pour développer la production d’aliments pour bétail et renforcer les infrastructures pastorales.
Le gouvernement vise également l’autosuffisance en moutons pour la Tabaski, tandis que l’aviculture bénéficiera d’un programme de modernisation des abattoirs.
Rationalisation des agences publiques
Le Premier ministre a annoncé la relance de la Commission d’évaluation des agences d’exécution, avec pour objectif une réduction des dépenses publiques. Un plan de rationalisation sera présenté sous peu, en ligne avec l’engagement de l’exécutif de diminuer le train de vie de l’État.
Un agenda diplomatique chargé
Sur le plan international, le président Faye participera dès le 13 février au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
Réformes et priorités gouvernementales
Le Conseil a également validé plusieurs réformes, dont la création d’un Bureau d’intelligence et de prospective économique (BIPE), destiné à améliorer la planification économique.
Enfin, le gouvernement suivra de près la mise en œuvre des grands chantiers en cours, notamment la finalisation du Port minéralier de Bargny et l’avancement des projets liés aux Jeux olympiques de la Jeunesse Dakar 2026.
Avec ces mesures, l’exécutif entend restaurer la confiance et assurer une meilleure transparence dans la gestion des ressources publiques.
Emedia