Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye a présidé, ce mardi, la cérémonie d’ouverture de la journée du dialogue national édition 2024 orientée sur le thème : « réforme et modernisation de la justice ». Lors de son discours d’ouverture, le chef de l’Etat a commencé par rappeler que : « dialoguer en temps de paix, en partageant la part d’humanité qui existe en chacun de nous, est un examen à l’aune duquel une nation mesure sa grandeur. C’est tout le sens de cette journée ». Poursuivant, il affirme que la justice étant rendue au nom du peuple, il est donc pertinent que le peuple ait son mot à dire sur la manière dont elle doit être rendue. « Au demeurant, je rappelle déjà qu’en avril 2018, le besoin de modernisation de la justice avait fait l’objet d’un rapport d’un comité de concertation mis en place par le garde des Sceaux, ministre de la Justice. Six années après ces concertations, et après avoir été traversées par de violentes secousses, force est de reconnaître que notre système judiciaire a besoin d’une profonde refondation, que seule une approche inclusive permettra de réussir.
Oeuvre collective, démarche participative et exercice de co-construction voilà le triptyque qui doit guider notre action », a-t-il déclaré. Avant d’enchaîner : « sous ce rapport, je voudrais particulièrement insister sur le fait que nous n’ouvrons donc pas ici un procès en inquisition pour désigner un ou des coupables à jeter aux orties. Il est plutôt question de tenir un débat lucide et serein, posé et apaisé, pour ausculter notre système judiciaire, identifier ses forces et faiblesses, et rechercher ensemble les solutions aptes à refonder son fonctionnement et améliorer ses performances. (…) Je ne reviendrai pas ici sur les principes fondamentaux de la justice dans un État de droit, sinon pour en rappeler la quintessence, à savoir la séparation des pouvoirs, l’indépendance, l’impartialité et l’intime conviction du juge, l’égalité de tous devant la loi, la présomption d’innocence, le principe du contradictoire, le droit à un procès équitable et habes corpus bouclier contre les arrestations et détentions arbitraires ».
En rappelant ces principes énoncés et encadrés par des règles, des textes légaux et réglementaires, le président de la République a, en même temps, conscience qu’il ne suffise pas à un seul pour jauger l’indépendance, la crédibilité et l’efficacité d’un système judiciaire. « En effet, quelle que soit la pertinence des textes, c’est d’abord et surtout à l’aune de la pratique qu’on peut juger si un système judiciaire répond aux idéaux et exigences de l’état de droit. Voilà pourquoi, à travers ces assises, nous voulons interroger notre système judiciaire en revisitant ses règles et ses mécanismes afin de les perfectionner et les hisser à la hauteur des élus. C’est ce que nous voulons faire ».
Selon toujours le chef de l’Etat, la finalité de cet exercice est de leur aider à baliser la voie pour une réforme pragmatique de notre système judiciaire afin qu’il inspire davantage confiance aux justiciables et préserve sa dignité. « Pour ce faire, nous devons travailler à mettre en place un système plus transparent de gestion de la carrière des magistrats, à définir un régime de privation de liberté mieux encadré, à aménager un dispositif législatif et institutionnel de nature à favoriser la célérité dans le traitement des procédures judiciaires et à humaniser l’univers carcéral, à instituer des plateformes, la réforme dématérialisée et fonctionnelle et améliorer le fonctionnement du système par l’allocation de moyens budgétaires suffisants et la poursuite des programmes de construction et de réhabilitation des infrastructures », conclut-il.
Cheikh Moussa SARR