L’enquête menée par la Division des investigations criminelles (DIC) sur la gestion des fonds Covid au ministère de la Femme a mis au jour une série de malversations graves. Des faux documents, des signatures falsifiées et des paiements frauduleux ont été utilisés pour détourner des sommes destinées à des projets sociaux, y compris l’aide aux talibés retirés de la rue, rapporte Libération.
Parmi les révélations, plusieurs bénéficiaires supposés des fonds ont affirmé n’avoir jamais perçu d’argent. O.Ka, présenté dans les documents comme un bénéficiaire, a déclaré être en réalité un fournisseur. Il a confié que les fonds avaient servi à acheter des climatiseurs pour un ancien responsable du ministère.
Des paiements ont également été effectués au nom de tiers, avec des signatures imitées ou des références de cartes d’identité falsifiées. Ces manœuvres ont permis de détourner des fonds sous couvert de services non réalisés ou de prestataires fictifs. Même les ressources allouées à la prise en charge des talibés ont été touchées par ces pratiques.
Lors d’une confrontation organisée dans le cadre de l’enquête, des bénéficiaires supposés ont maintenu leurs accusations. Le directeur du Centre Estel et le président du GIE «Manko Deffar Transport Sénégal» ont révélé que leurs signatures avaient été contrefaites pour fabriquer de fausses décharges.
Interrogé, l’ancien directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) du ministère a invoqué des « erreurs matérielles » et s’est défendu en affirmant avoir agi sur la base « d’instructions verbales et écrites » du ministre de l’époque.
Cette affaire éclaire d’un jour nouveau les anomalies déjà relevées par la Cour des comptes dans son rapport sur les fonds Covid. Les enquêteurs de la DIC semblent avoir élargi leurs investigations pour inclure des cas non mentionnés dans le rapport initial.