Lors d’une intervention sur la plateforme H5 Motivation, l’ancien président Macky Sall a lancé un appel clair à la refonte des institutions internationales qui régissent l’ordre mondial actuel. Selon lui, l’Organisation des Nations Unies (ONU) ainsi que les institutions financières issues des accords de Bretton Woods, comme le FMI et la Banque mondiale, ne tiennent pas suffisamment compte des réalités et des besoins des pays africains.
Macky Sall plaide pour une réforme qui accorde plus de pouvoir et d’écoute aux nations du Sud, notamment en matière de gouvernance de la dette. « Tous les pays ont besoin de dette », a-t-il souligné, rappelant l’exemple du Plan Marshall, mis en place pour reconstruire l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, avec des prêts à très long terme. Pour lui, il est impératif de repenser les mécanismes qui permettent aujourd’hui de financer le développement, notamment dans les pays africains qui, après avoir subi l’esclavage et la colonisation, n’ont jamais bénéficié de conditions favorables pour se développer durablement.
Revenant sur la pandémie de Covid-19, l’ancien chef d’État a mis en lumière l’iniquité dans la distribution des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI. Sur les 650 milliards de dollars émis en urgence, seulement 33 milliards ont été attribués au continent africain, dont 23 milliards pour l’Afrique subsaharienne. Un déséquilibre révélateur, selon lui, du manque de poids décisionnel des pays africains dans les grandes institutions.
Face à cela, Macky Sall appelle à une mobilisation collective à l’échelle continentale, soulignant le rôle déterminant que devrait jouer l’Union africaine dans la gestion des questions de dette. Il insiste sur la nécessité d’une Afrique unie pour peser sur les décisions internationales, rappelant que si les pays africains sont petits individuellement, ensemble ils représentent une puissance démographique équivalente à celle de l’Inde ou de la Chine.
Il a également exhorté la jeunesse africaine à se recentrer sur les enjeux essentiels. Pour Macky Sall, l’avenir ne se construit pas dans la distraction permanente sur les réseaux sociaux, mais par l’éducation, la formation, et l’appropriation des technologies, notamment l’intelligence artificielle. Avec une population estimée à 2,5 milliards d’habitants d’ici 25 ans, soit un humain sur quatre sur la planète, l’Afrique ne peut se permettre de rater le virage de l’innovation.
L’ancien président a mis l’accent sur l’industrialisation comme condition sine qua non du développement, ce qui suppose une électrification massive du continent. Il a cité en exemple les projets d’interconnexion régionale comme le West African Power Pool, qui relie plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ou encore les projets de grande envergure tels que le barrage Inga 3.
Enfin, Macky Sall a déploré que les défis majeurs du continent soient trop souvent relégués au second plan, éclipsés par l’instabilité politique, les luttes de pouvoir et le terrorisme. Il a appelé à recentrer le débat africain sur les questions fondamentales : développement, souveraineté énergétique, formation de la jeunesse, et unité continentale. « Il faut des voix pour continuer à insister sur ces aspects », a-t-il conclu
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