Fidèle à sa tradition, l’Église catholique de Ziguinchor a célébré, ce 1er janvier, la Journée mondiale de prière pour la paix. La messe solennelle s’est tenue à Diongol, dans la commune de Suelle, dans le département de Bignona, sous la présidence de l’évêque de Ziguinchor, Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga.
Dans son allocution, Monseigneur Manga a exprimé sa profonde émotion de se retrouver dans ce beau village de Diongol pour marquer cet événement important. « La date du 1er janvier est désormais inscrite dans notre agenda diocésain comme le jour où nous prions pour la paix, un jour où nous réaffirmons notre engagement commun pour une paix durable, une paix qui réconcilie les cœurs et ouvre la voie à un avenir prospère », a-t-il déclaré.
Il a ensuite exprimé sa gratitude envers toutes les personnes œuvrant chaque jour pour la paix et la réconciliation en Casamance, soulignant que leurs efforts redonnent espoir et détermination pour reconstruire ce qui a été détruit par des années de conflit. « La journée de prière pour la paix est l’occasion pour notre Église, famille de Dieu à Ziguinchor, de redécouvrir la paix que le Christ apporte au monde. Le Christ est notre paix », a-t-il ajouté, insistant sur l’importance de prier pour la paix, en particulier pour la Casamance.
Monseigneur Manga a également choisi de célébrer cette journée à Diongol, un des villages du secteur du Fogny, gravement touché par la guerre en Casamance. Il a évoqué lors de la messe de minuit son inquiétude pour les personnes déplacées, les réfugiés et les populations qui les accueillent. « Nous sommes dans une zone parmi les plus impactées en termes de déplacements de populations », a-t-il souligné, rappelant que de nombreux villages de la commune de Suelle, de Djibidione, de Sindian et d’Oulampane, ainsi que d’autres communes de la région, étaient désertés après le conflit.
Les statistiques menées par CRS et Caritas font état de près de 150 000 personnes ayant perdu leurs maisons, tandis que des milliers d’autres vivent toujours loin de leur village d’origine. Selon le HCR, le nombre de déplacés internes en Casamance varie entre 30 000 et 60 000 personnes, tandis que plus de 10 000 ont trouvé refuge en Gambie et en Guinée-Bissau. Les récents événements, comme les opérations militaires de mars 2022, ont provoqué de nouveaux déplacements, obligeant environ 6 350 personnes à fuir les violences.
Heureusement, la situation évolue positivement. Le gouvernement sénégalais a rapporté, en octobre dernier, que 5 655 ménages répartis dans 197 villages étaient retournés dans leur localité d’origine, bien que 992 ménages provenant de 17 villages attendent encore de pouvoir regagner leurs foyers. « Nous rendons grâce à Dieu pour ces progrès », a précisé l’évêque, tout en soulignant que les déplacés, dont les besoins sont toujours importants, continuent de bénéficier du soutien de l’Église. Entre 2017 et 2024, grâce à un financement de l’ambassade des États-Unis, CRS et Caritas ont mis en œuvre des projets pour soutenir le retour des populations déplacées.
Enfin, Monseigneur Manga a lancé un appel solennel à tous les acteurs, autorités, leaders traditionnels et religieux, société civile et à la population en général : « La paix est une œuvre collective qui ne peut être imposée par un seul, mais par tous. Engageons-nous ensemble à renforcer le dialogue, à panser les blessures et à promouvoir le développement. Ensemble, nous pouvons transformer le champ de bataille en champ de culture, et nos silences en champ d’espoir ».