La deuxième édition du festival Kédougou River est en pleine préparation. Organisé par l’Initiative Citoyenne pour la Protection du Fleuve Gambie (ICPFG), ce rendez-vous vise à sensibiliser sur les enjeux environnementaux liés à la préservation de ce cours d’eau vital pour la région de Kédougou. Seydou Ba, président de l’association, explique l’importance de cette initiative : « Ce festival a pour but de conscientiser la population et les autorités sur la nécessité de protéger et valoriser le fleuve Gambie, qui alimente en eau potable toute la commune de Kédougou. »
Le fleuve Gambie est de plus en plus exposé aux risques de pollution, notamment en raison des activités minières intensives dans la région. La situation rappelle celle du fleuve Falémé, déjà gravement affecté par l’exploitation minière. « Nous ne voulons pas que le fleuve Gambie subisse le même sort. Si nous n’agissons pas maintenant, c’est l’accès à l’eau potable qui sera compromis pour toute la région », alerte Seydou Ba.
Deux activités majeures marqueront cette édition : une conférence scientifique axée sur « L’exploitation minière, la pollution et la préservation du fleuve Gambie » et des actions de sensibilisation auprès des communautés locales. Ces événements visent à stimuler un dialogue entre citoyens, autorités et experts sur les solutions pour protéger le fleuve.
Le parrain de cette deuxième édition est Birahim Seck, coordonnateur général du Forum Civil, reconnu pour son engagement en faveur de la transparence et de la protection de l’environnement. « C’est un homme de principes, qui défend les intérêts des communautés et lutte contre la corruption dans le secteur extractif. Depuis qu’on l’a sollicité, il a été très réactif pour soutenir notre cause », témoigne Seydou Ba.
La collaboration avec le Forum Civil a permis à l’ICPFG de renforcer sa voix auprès des autorités. Grâce à cette synergie, un point de presse a été organisé pour alerter sur la dégradation du fleuve à Tomboronkoto. Cette mobilisation a conduit à des actions concrètes, comme l’arrêté du sous-préfet de Bandafassi interdisant certaines activités minières et la baignade dans le fleuve.
La cause portée par l’ICPFG et ses partenaires a trouvé un écho auprès des plus hautes autorités. Birahim Seck souligne que le président de la République a récemment ordonné une évaluation nationale des impacts environnementaux, sociaux et économiques de l’exploitation minière. « C’est une avancée significative. Le gouvernement doit désormais identifier les véritables acteurs sur le terrain, que ce soit à Kédougou, Matam, Saraya ou ailleurs », insiste-t-il.
Le chef de l’État a également demandé un bilan sur le Fonds d’Appui au Développement Local, une revendication de longue date du Forum Civil. Mais pour Birahim Seck, cela ne suffit pas : « Il faut aller plus loin. Le gouvernement doit aussi faire le point sur le fonds de réhabilitation des sites miniers, le fonds de péréquation des collectivités territoriales et le fonds d’appui au secteur minier. Ces ressources doivent bénéficier aux populations locales qui subissent les conséquences de l’exploitation minière. »
Le festival Kédougou River ne se limite pas à des actions symboliques. Il s’inscrit dans une dynamique de changement durable, en mobilisant les citoyens et en mettant la pression sur les décideurs. « Ce sont les populations de Kédougou qui détiennent le pouvoir de faire bouger les lignes. En s’unissant, elles peuvent protéger leur fleuve et exiger des comptes aux autorités », conclut Birahim Seck.
Cette deuxième édition s’annonce donc comme un moment clé pour la région. Plus qu’un simple festival, Kédougou River incarne un cri d’alarme et un appel à l’action pour préserver le fleuve Gambie, véritable source de vie pour Kédougou et ses environs.
Ibrahima Sorry Kalloga, correspondant à Kédougou