Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Edward Gemayel, a effectué une mission au Sénégal du 31 août au 7 septembre 2023, pour faire le point sur les récents développements économiques, mettre à jour les prévisions de croissance et de budget, et discuter du projet de budget 2024. Invité de l’émission Jury du Dimanche, Dr Khadim Bamba Diagne, économiste et enseignant chercheur à l’UCAD, a rappelé le rôle du FMI. « Le FMI et la Banque mondiale sont des institutions financières internationales. On les a créé un an avant la fin de la 2e guerre mondiale pour aider les pays ruinés par cette guerre à se reconstruire. Et pendant 30 ans ces institutions ont aidé les pays ruinés par la 2e guerre mondiale. Quand ces institutions sont venues en Afrique, elles ont fait un réajustement structurel. Parce que les dépenses étaient supérieures aux recettes. Le FMI joue le rôle d’un gendarme, c’est à dire contrôler les déséquilibres financiers », a-t-il rappelé. Revenant sur le cas de notre pays, l’économiste indique que : « le Sénégal a décidé d’avoir une économie d’endettement. Maintenant, une fois que tu dépasses le plafond des 70% du taux d’endettement, tu ne respectes plus les critères de convergence de la zone qui disent que les pays doivent avoir un taux d’endettement inférieur à 70%. Nous, on est à 75% et le fonds commence à perdre confiance en l’économie sénégalaise. Et si le marché perd confiance, le taux d’intérêt va prendre l’ascenseur », a-t-il soutenu.
Avant de poursuivre : « donc là, vous avez besoin d’aide. A chaque fois que vous voyez le FMI c’est parce que cette économie a besoin d’aide. Parce que le FMI c’est également un médecin. Il te consulte et il te donne une ordonnance. Et si tu es d’accord sur l’ordonnance le FMI te dit que je peux t’aider financièrement. Donc, le Sénégal est mal en point sur le plan économique et il a demandé l’aide du FMI. Le FMI est venu avec des mécanismes pour permettre au Sénégal d’assurer un financement d’ici au moins un an ou deux ans avec 1,5 milliard de dollars presque 1200 milliards. On va recevoir 169 milliards à la fin de l’année ». A l’en croire, le FMI a dit oui au Sénégal à condition que les subventions qui étaient de 700 milliards en 2022 et qui sont de 500 milliards aujourd’hui doivent, l’année prochaine, être à 250 milliards. « C’est à dire il faut arrêter les subventions, il faut de la bonne gouvernance, entre autres, critères que le FMI a mis en place et que le Sénégal va accepter. Donc, c’est aux consommateurs de supporter cette subvention et les prix vont encore devenir plus chers », regrette l’invité du Jury du Dimanche. Pour expliquer cet état de fait, il a renseigné que le malheur, c’est qu’on n’a pas évalué les phases du PSE alors que les 25.000 milliards qu’on a dépensé sur les la première et deuxième phase n’ont pas perturbé la structure économique. « Il faut que nos hommes politiques comprennent que manager une économie c’est de régler la qualité de vie des citoyens », a-t-il conclu.
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)