Les usagers du Train express régional ne savent plus à quel saint se vouer. A l’intérieur de la locomotive, la climatisation ne fonctionne plus, la chaleur est insupportable. Les passagers étouffent, certains s’évanouissent. Bés bi a fait le petit voyage de Keur Mbaye Fall à Colobane. Montez à bord.
Le ciel a ouvert ses vannes sur la capitale ce jeudi. Les rues, ruelles de la ville sont impraticables. Au rond-point de la station-service de Keur Massar, l’espace aménagé au-dessous de l’autopont est pris d’assaut par les riverains. Ici, les clochards, les sans domicile fixe, les petits spécialistes du pickpocket se fondent dans la foule. Des sachets plastiques déjà utilisés campent le décor. A quelques pas de marche se trouvent les véhicules vert-blanc qui desservent la gare du Train express régional (Ter) à Keur Mbaye Fall. Ici, des queues serpentées se forment. Les clients passent aux guichets, ils veulent se rendre en ville. De l’autre côté, des dames qui ne tiennent plus sur leurs deux jambes sont assises sur les bancs cimentés. Les autres ont le dos adossé sur le mur. Dans la foulée, une dame exhorte son petit garçon à s’asseoir sur son sac de voyage. Un jeune agent debout sur son pantalon rouge braillé veille sur la sécurité. «Faites attention à la bande jaune. Mesdames, il pleut et il est dangereux de s’approcher de la ligne jaune», alerte-t-il. La réplique ne s’est pas fait attendre ! «Cela fait plus de quinze minutes que nous patientons. Nous n’en pouvons plus !», hausse-t-elle le ton. «Mesdames et Messieurs, nous avons quelques difficultés. Merci pour votre patience, dans 20 minutes le Ter va entrer dans la gare», informe le speaker. Cette situation provoque la colère des usagers.
L’enfer de l’intérieur
Il est 10h, la locomotive entre dans la gare de Keur Mbaye Fall. Elle rame tout doucement. Dans la foulée, une jeune dame debout dans son jean bleu ciel, la chemise blanche légèrement déboutonnée, balance à qui veut l’attendre : «Mon Dieu, c’est quoi ça ! Mieux vaut arrêter le Ter parce que nous allons passer la journée ici. J’ai quitté Keur Massar parce que j’avais peur d’être en retard. Franchement cette situation est très décevante.» Ndèye Fatou Seck s’étrangle de colère avec ses lunettes bien vissées. Les portes du train s’ouvrent, les usagers se bousculent. Ne pouvant contenir toute la foule, un agent essaie de barrer le passage aux usagers. A l’intérieur du Ter, une dame qui porte son bébé sur le dos supplie un jeune homme de lui céder la place. La chaleur est insupportable ! Le bébé se met à pleurer. Le crâne et le visage trempés de sueur, comme les nombreux passagers. Ça rouspète. «C’est quoi cette histoire de climatisation qui ne fonctionne pas. C’est dangereux d’entasser les gens sans climatisation. Si Sonko à peur d’El Malick il faut qu’il nous le dise. Aucun ministre n’est intouchable», s’indigne Pape Faye, un jeune homme à la barbe touffue.
Des passagers s’évanouissent, El Malick interpellé
Apparemment, les gens ont toujours alerté sur cette chaleur insupportable que vivent les usagers du train express régional. Le pire a failli se produire à la gare de Pikine. Sur les réseaux sociaux, des images choquantes sont partagées. Justement, à la gare de Pikine une jeune demoiselle, la tête voilée d’un foulard orange, jean bleu remonté jusqu’à la taille, s’est évanouie à l’intérieur de train. Elle a été évacuée par un gendarme qui l’étale pour lui donner de l’air. Puis, une autre dame au pantalon noir couchée à même. Heureusement, les sapeurs-pompiers sont intervenus. Sur la toile, un homme au chapeau noir se présente en «témoin oculaire» interpelle le ministre des Transports. «Monsieur le ministre, il est temps de suspendre la circulation du Ter et de le dépanner pour éviter qu’il y ait des morts. Aujourd’hui, trois filles ont failli perdre leur vie parce que la chaleur à l’intérieur du Ter est insupportable. En plus, il n’y a plus de confort. C’est moi qui ai filmé cette scène qui circule sur la toile», interpelle-t-il.
Maxime DIASSY