Aucune similitude entre les deux personnages, car différents à tous points de vue, si ce n’est, une vaine tentative d’imitation du Burkinabé. Et sur ce point, une copie, ne vaut jamais l’original.
Leur pedigree est différent, autant leur tempérament. L’un original, sincère, sorti des sentiers battus, qui se retrouvait bien avant son auteur, dans l’esprit, dans ce slogan magique, optimiste à l’extrême, ce fameux » Yes we can » de Barack Obama. Sankara a su renverser la table avec une inspiration du modèle chinois, reposant sur l’idéologie de manger à sa faim, par soi et pour soi-même. Il a réussi cette prouesse de réaliser, cette rupture iconoclaste de changement des mentalités et surtout, de l’identité nationale d’abord, puis panafricaine, ensuite. La nouvelle appellation du pays, Burkina Faso, chasse la Haute Volta, mais garde le Cfa par intelligence et réalisme.
Toujours, dans les changements de paradigmes, le consommer local, la souveraineté alimentaire, devenue une réalité, le port vestimentaire, portent le cachet du jeune révolutionnaire, brillant, mais seul dans son îlot révolutionnaire.
Mais, ce qui l’a aidé, est sans doute, sa sincérité, l’exemple, qu’il a incarné, en soignant d’abord son éthique, étant le modèle offert à l’imitation, mais encore, ses propos, sorte de bréviaire, qui ont fédéré la jeunesse autour de sa personne : « L’éducation ne consiste pas à gaver, mais à donner faim.” “Les racines de l’éducation sont amères, mais ses fruits sont doux.” “Elever un enfant, c’est lui apprendre à se passer de nous.” “N’oublions pas que les enfants suivent les exemples mieux qu’ils n’écoutent les conseils.” dixit.
Sonko, quant à lui, est d’abord un homme pressé, imbibé du « système, » qu’il veut nier, si l’on sait de manière avérée, qu’il en est, un pur produit, de surcroît, apparatchik. Il est né, a grandi, a étudié, a servi dans un pays à la douce culture, matinée d’une religiosité très marquante dans les différentes religions du pays. Difficile de redresser un bossu, si ce n’est dans le cercueil. Son opposition face à l’ancien régime, est un phénomène nouveau et jusqu’ici difficilement digeste. Sa quête pour le pouvoir, fut radicale, dure, ponctuée de propos violents, que l’opinion, n’est pas prête d’oublier. Quid d’une jeunesse trempée dans le discours souverainiste, casseure, encouragée à la destruction de biens privés comme publics ? Ces potentiels héritiers, la relève du pays, qui n’a pas été sensibilisée sur demain, les enjeux du développement durable, mais plutôt éduquée à la » résistance « . Hélas, c’est ce même discours d’opposant, toujours d’actualité, qui risque de se prolonger, nonobstant les urgences. Nous pouvons accompagner la Sonkorisation, jusqu’à l’extrême limite de nos forces, cela va de soi, en tant que citoyens, patriotes dans l’autosuffisance alimentaire, dans l’industrialisation, dans la révision d’accords, etc., mais de manière sincère, paisible, réfléchie, organisée, pondérée.
Mais surtout, il est important, de souligner, pour la bonne marche du pays, l’impérieuse nécessité, par le Premier ministre, tout puissant qu’il est, de libérer de l’espace pour éviter tous les désagréments d’une saturation, surtout médiatique. Qu’il n’oublie pas dans sa frénésie « révolutionnaire souverainiste », qu’il a un chef, le président de République, en l’occurrence, cela pour éviter à l’horizon, un embrouillamini fatal. Le Sénégal, est toujours, un État organisé, qui ne connaît pas pour l’instant le bicéphalisme et dont les institutions, fonctionnent normalement.
Sankara était issu d’un monde sans construction, sans ombre et où la lutte, s’imposait d’elle-même. Sonko plus jeune, est né dans un monde, où tout semble rangé, sauf pour les pauvres, autre différence entre les deux.
Sankara luttait pour un peuple, Sonko pour une population. Des deux postures, il y a des nuances.
Elng
Mamelles le 19 mai 2024