Au Sénégal, les adolescentes font face à de nombreux obstacles qui freinent leur éducation et leur accès équitable aux carrières, notamment dans les domaines scientifiques et technologiques (STEM). Les normes sociales, les stéréotypes de genre et les attentes communautaires pèsent lourdement sur leur parcours scolaire. En 2022, seulement 28,8 % des filles ont terminé leur scolarité, révélant un fort taux d’abandon lié à la pauvreté, au manque d’enseignants, aux infrastructures dégradées, mais aussi aux mariages et grossesses précoces.
Pour faire face à cette réalité, l’UNICEF et ses partenaires, dont l’organisation Déclic, ont lancé une série d’initiatives dans les régions de Kédougou, Sédhiou et Ziguinchor. Des bootcamps ont permis à des centaines de jeunes filles de renforcer leurs compétences en leadership, développement personnel, gestion des émotions, communication, ainsi que dans les disciplines STEM. « Nous voulons leur montrer que rien n’est impossible, qu’elles ont le droit de rêver grand et de réussir dans les filières scientifiques », affirme Rouguiyatou BA, spécialiste jeunesse et engagement à l’UNICEF Sénégal.
À la suite des bootcamps, un forum régional a rassemblé 100 filles issues de différentes communes pour un moment d’échange et d’inspiration. « Ce forum est un cadre de dialogue entre les filles et des femmes modèles dans les STEM, pour leur permettre de se projeter, d’oser et de croire en leur potentiel », ajoute-t-elle. L’objectif est de provoquer un déclic – et justement, c’est ce que vise l’organisation Déclic, partenaire de mise en œuvre.
« Après les bootcamps, nous accompagnons les filles à travers un mécanisme communautaire et éducatif, avec l’appui des inspections académiques. Nous voulons que ces actions aient un impact durable », explique Khady Yama Diop, responsable mobilisation des ressources à Déclic. Elle souligne aussi l’importance du lien avec les écoles et les communautés pour assurer la continuité : « Il ne s’agit pas juste d’un événement, mais d’un engagement à long terme. »
Un système de suivi a été mis en place, mobilisant le réseau des femmes enseignantes ainsi que la création de clubs STEM dans les établissements ciblés. Ce dispositif vise à renforcer l’encadrement des filles et à maintenir leur motivation. « L’objectif que nous poursuivons est d’observer une hausse significative du nombre de filles dans les filières scientifiques dans les deux prochaines années », insiste Rouguiyatou BA.
Alors que le Sénégal déploie sa stratégie numérique 2025-2035 pour devenir un hub technologique en Afrique de l’Ouest, ces actions s’inscrivent dans une dynamique nationale. Elles offrent une chance réelle aux filles, trop souvent laissées en marge, de prendre leur place dans un monde en mutation.
« La seule chose que j’ai à leur dire, c’est de continuer à persévérer. Aucun chemin n’est impossible tant qu’elles décident de le suivre », conclut Rouguiyatou BA. Grâce à ces initiatives, une nouvelle génération de filles se prépare à franchir les barrières et à tracer son propre avenir.
Ibrahima Sorry Kalloga – Emedia Kédougou