Le deuxième comité de pilotage du projet de promotion du leadership féminin et de la participation des femmes dans les communes de Djignaky, Boutoupa-Camaracounda et Oulampane s’est tenu récemment à Ziguinchor, sous la coordination de l’ONG Usoforal. Ce projet vise à renforcer la présence et le rôle des femmes dans les instances de décision locales, tout en encourageant la participation des jeunes filles à la vie communautaire.
Selon Sanoussy Camara, chargé de projet à Usoforal, ce comité de pilotage regroupe un large éventail d’acteurs : représentants des mairies, organisations de la société civile, inspection d’académie, inspection de l’éducation et de la formation, agence régionale de développement, ainsi que des proviseurs, des présidents de gouvernements scolaires et des représentantes de fédérations de femmes. « Nous voulons que tout le monde s’imprègne du projet et en fasse une affaire collective », a-t-il déclaré.
Cependant, le responsable souligne plusieurs difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet, notamment la faible mobilisation de certains acteurs, en particulier les conseillers municipaux. « À Oulampane, il est rare d’avoir 30 conseillers sur les 46 que compte le conseil municipal », regrette-t-il. Les contraintes du calendrier scolaire compliquent également l’organisation des sessions de formation prévues pour les clubs de leadership dans les établissements partenaires.
Au-delà de ces aspects organisationnels, Sanoussy Camara insiste sur la nécessité de renforcer la confiance et la participation active des femmes dans les conseils municipaux. « Elles sont présentes, mais rarement à la tête des commissions. On pense souvent qu’elles ne sont compétentes que pour la commission santé, ce qui est faux. On peut apprendre en exerçant des responsabilités », souligne-t-il.
Le projet inclut aussi une dimension éducative, destinée à préparer les jeunes filles à s’intéresser à la gouvernance locale. Mais cette ambition est freinée par un phénomène persistant : les grossesses précoces en milieu scolaire. « Malgré les sensibilisations, le problème persiste. L’année dernière, Ziguinchor était classée première en nombre de cas de grossesses scolaires », alerte Camara. Il appelle à une plus grande implication des parents et à la levée du tabou entourant la sexualité.
Siga Diouf Fall, responsable du genre à l’inspection d’académie de Ziguinchor, partage le même constat et salue le travail d’Usoforal auprès des élèves. « Nous collaborons pour renforcer les élèves en leadership, développement personnel et prise de parole en public. C’est essentiel dans un contexte où les grossesses précoces sont très élevées », explique-t-elle.
Pour elle, la lutte contre ce fléau doit être collective. « Les responsabilités sont partagées : parents, enseignants, élus, communauté. Accompagner les élèves ne doit pas se limiter à distribuer des fournitures scolaires », plaide-t-elle, avant d’inviter les élus à mettre en place des espaces d’échanges, de débats ou de compétitions oratoires afin de donner la parole aux jeunes et de les responsabiliser.
En attendant la publication du rapport national du ministère de l’Éducation, Siga Diouf Fall confirme que la situation reste préoccupante. « L’an dernier, nous avions recensé 157 cas de grossesse, ce qui plaçait Ziguinchor en tête. Cette année, nous avons dépassé ce chiffre », révèle-t-elle.
Pour la responsable, il est urgent d’agir sur les facteurs qui favorisent ces grossesses précoces : « La grossesse n’a qu’une seule cause, les rapports sexuels non protégés. Tout le reste, ce sont des facteurs favorisants. »
À travers ce projet, Usoforal et ses partenaires espèrent non seulement renforcer le leadership féminin, mais aussi contribuer à un changement durable des comportements, tant dans les familles que dans les établissements scolaires.
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