Le lycée de Diogo, érigé il y a deux ans à partir de l’ancien CEM, fait face à une crise profonde liée à l’insuffisance de personnel enseignant et administratif. Cette situation a poussé les élèves à entrer en grève pour réclamer des professeurs et des surveillants.
Située à une vingtaine de kilomètres de Mboro, la localité de Diogo avait accueilli avec satisfaction la transformation de son CEM en lycée, synonyme d’espoir pour de nombreuses familles. « Avant, nos élèves étaient orientés à Mboro, Tivaouane ou même Thiès. Beaucoup abandonnaient leurs études à cause des conditions difficiles. Depuis la création du lycée, nous avons réussi à réduire considérablement la déperdition scolaire », se réjouit le principal de l’établissement, Abdoulaye Ndiaye.
Mais l’euphorie a vite laissé place à la désillusion. Car si les infrastructures sont au rendez-vous, grâce notamment au soutien de la société Eramet Grande Côte qui a construit six nouvelles salles de classe et une salle informatique, le manque d’enseignants reste criant. « Ce ne sont pas les bâtiments qui manquent, mais les professeurs. C’est ce déficit qui a provoqué la grève des élèves », déplore M. Ndiaye.
Le problème se pose particulièrement au niveau du second cycle, où il n’y a pas de professeurs de Français, d’Histoire-Géographie, d’Anglais, d’Arabe, d’Espagnol, de Mathématiques ni de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). « L’année prochaine, nous aurons une classe de Terminale, mais sans enseignants, comment allons-nous faire ? », s’inquiète le principal.
Le manque de personnel administratif aggrave également la situation. L’établissement, qui compte près de 800 élèves, ne dispose que d’un seul surveillant général. « Je suis obligé, moi-même, de faire le travail d’un surveillant », confie Abdoulaye Ndiaye.
Tout en regrettant le mouvement d’humeur des élèves, le principal appelle l’État à réagir rapidement. « Diogo est une zone maraîchère, industrielle et minière qui a besoin de ressources humaines de qualité. Cela passe nécessairement par une éducation de qualité. Nous avons besoin de professeurs, de surveillants, mais aussi de bus scolaires, car beaucoup d’élèves parcourent plusieurs kilomètres à pied pour venir en cours », plaide-t-il.
Le lycée de Diogo illustre ainsi les défis persistants du système éducatif sénégalais, où la création d’infrastructures ne suffit pas à garantir une éducation de qualité sans un accompagnement humain et logistique adéquat.
Aboubakry Kane – Emedia Mbour









