Deux dossiers de violences conjugales d’un genre particulier ont été jugés cette semaine par le tribunal des flagrants délits de Mbour. Dans les deux affaires, les auteurs ne sont pas les époux, mais les frères de ces derniers, révélant des tensions familiales de plus en plus fréquentes dans les foyers sénégalais.
Dans le premier cas, A. Déme a été reconnu coupable de violences, voies de fait et injures publiques à l’encontre d’Astou T., épouse de son petit frère. Selon le ministère public, à l’origine du conflit se trouve un différend lié à un héritage familial. « Le fond du problème, c’est celui de l’héritage. Votre défunt père vous laisse une maison et vous vous mettez à vous disputer. Il doit y avoir le respect mutuel, la culture de la paix. Le linge sale se lave en famille », a martelé le procureur, fidèle à son style pédagogique.
La défense, assurée par Me Oumar Sène, a tenté de minimiser la gravité des faits : « Mon client n’est pas un homme belliqueux. Il a toujours été attentionné envers sa belle-sœur. L’affaire est d’ailleurs réglée en famille. » Malgré cela, le tribunal a condamné A. Déme à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 20 000 FCFA. La partie civile, en larmes, n’a pas réclamé de dommages et intérêts, semblant regretter la tournure judiciaire des événements.
Dans le second dossier, M. Gueye a reconnu avoir giflé l’épouse de son grand frère, exprimant des remords à la barre. « Seytané da bari doolé » (Satan est puissant), a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Je le regrette amèrement, car c’est une femme que j’ai toujours soutenue. » Il a écopé de trois mois de prison assortis de sursis.
Deux cas qui illustrent les tensions latentes au sein des familles élargies, souvent exacerbées par les questions de succession et de cohabitation. Des situations où les lignes entre respect des aînés, solidarité familiale et violences deviennent dangereusement floues.
Aboubakry Kane, Emedia Mbour