Le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux, dans sa mission de promouvoir une agriculture paysanne durable, capable de garantir la sécurité alimentaire et de contribuer à la création d’emplois et au développement économique du Sénégal, a sonné la remobilisation, ce jeudi, pour apporter des propositions suites aux nombreux défis observés dans le domaine agroalimentaire.
Garantir la sécurité alimentaire et contribuer à la création d’emplois et au développement économique du Sénégal a été le sens du discours du président du Conseil National de Concertation et Coopération des Ruraux, M. Nasirou Sall, lors d’un point de presse tenu ce jeudi à Dakar. En effet, le Cncr soutient que d’énormes défis restent à relever malgré les avancées obtenues suite aux différentes luttes qui ont été menées. Ces luttes ont permis, d’après lui, d’obtenir des avancées significatives dans différents domaines, tels que la reconnaissance du rôle des organisations paysannes dans la gouvernance du secteur agricole, la mise en place de mécanismes de concertation et de financement de l’agriculture, ou encore la protection sociale des personnes exerçant des métiers agricoles à travers la Loi d’orientation Agro-sylvo-pastorale promulguée en 2004. Cependant, M. Sall précise que les préoccupations du secteur agroalimentaire appellent à une action urgente et concertée. C’est ainsi qu’il déclare : « le statut juridique des exploitations familiales n’est toujours pas formalisé ; ce qui freinent leur professionnalisation ; les personnes qui exercent les métiers de l’agriculture ne disposent toujours pas de régime de protection sociale ; le Conseil Supérieur d’orientation Agro-Sylvo-Pastoral ne s’est jamais réuni ; ce qui impacte sur le dialogue entre les organisations professionnelles ASPH et les plus hautes autorités ; le système de financement agricole et rural reste encore peu efficace et efficient ; les réponses et interventions en faveur des jeunes souffrent encore de cohérence et de synergie ; ce qui nécessite de repenser les approches ; après plus d’un quart de siècle, le processus de réforme foncière enclenché n’est toujours pas abouti. Tous ces défis entravent les capacités des exploitations familiales à nourrir les sénégalais et assurer une souveraineté alimentaire à notre pays ».
Pour y apporter des solutions durables à long terme, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux a fait des suggestions afin de décanter la situation. Permis ses propositions, figurent en bonne place : la promulgation et l’application d’un décret qui formalise le statut juridique des exploitations agricoles familiales en application du Chapitre 5 de la Loasp, afin de faciliter leur accès au crédit et aux opportunités de financement, ainsi que de favoriser l’autonomisation des femmes et l’emploi des jeunes ; la mise à jour du décret 2008-1262 relatif à la protection sociale des personnes exerçant les métiers de l’agriculture doit être appliqué par tous pour garantir une protection sociale adaptée aux paysans et paysannes ; et enfin l’organisation de la première session du Conseil Supérieur d’Orientation Agro-Sylvo-Pastoral en 2024, conformément aux dispositions prévues par le décret 2007-1147, pour améliorer la gouvernance des politiques agricoles et favoriser une culture de transparence et de redevabilité et améliorer de façon quantitative et qualitative les financements destinés aux exploitations familiales. Le tout, en mobilisant davantage les ressources publiques et en facilitant l’accès au crédit et aux services financiers à travers « l’amélioration de la mobilisation des ressources publiques destinées au secteur agricole, l’allégement des coûts du crédit par une bonification du taux d’intérêt de 7,5% à 5% et une baisse des frais connexes, la bonification de la prime d’assurance agricole de 50% à 70% avec un délai de règlement des sinistres de 6 mois maximum, l’élaboration de critères d’éligibilité aux soutiens de l’Etat favorables aux EF », entre autres.
Concernant l’implication des jeunes dans ces différents secteurs d’activité, Alioune Badara Diouf, président du collège des jeunes du Cncr, déplore le manque d’accès aux terres et de financement des jeunes en ces termes : « les politiques parlent du secteur de l’agriculture mais n’y croient pas. Ils doivent prendre ce secteur au sérieux. Par exemple, à Malabo, les État qui se sont succédé sont engagés à donner 10% des investissements publics au secteur de l’agriculture, ce qui n’est pas effectif au Sénégal. On a parlé de l’accès à la terre, tu ne peux pas voir un jeune qui détient sa parcelle qu’il peut muter à son nom. Pour la question du financement, c’est encore plus grave. Au niveau de la banque, on te demande une garantie très lourde. Il nous faut 7% de taux de garantie pour avoir un financement, ce qui est inadmissible ».
Arame Fall NDAO (Stagiaire) et Abdoulaye SYLLA (Photo)